Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

RIVA EMMANUELLE (1927-2017)

Emmanuelle Riva est née le 24 février 1927 à Cheniménil, près de Remiremont, dans les Vosges. Elle entre dans la vie professionnelle comme couturière. Cependant, attirée par le théâtre, elle joue dans une troupe d'amateurs. Convaincue de sa vocation, elle passe le concours d'entrée au Conservatoire de la rue Blanche. Reçue, elle s'installe, en 1953, à Paris où elle suit les cours de la classe de Jean Meyer. Elle débute sur les planches dans Le Héros et le soldat de George Bernard Shaw. Suivront, entre autres, L'Espoir et Le Dialogue des carmélites.

<em>Hiroshima mon amour</em>, A. Resnais - crédits : Argos/Como/Pathe/Daiei/ The Kobal Collection/ Aurimages

Hiroshima mon amour, A. Resnais

En 1957, Emmanuelle Riva apparaît pour la première fois au cinéma dans le rôle d'une dactylographe dans Les Grandes Familles de Denys de La Patellière. L'année suivante, elle est révélée au grand public par Hiroshima mon amour d'Alain Resnais, dans lequel elle tient le principal rôle – une comédienne victime d'un traumatisme à l'adolescence –, auquel elle confère une sensibilité, un frémissement rares. Elle est soudainement sollicitée par les cinéastes, ce qui fait qu'elle joue, au cours de la décennie suivante, dans une quinzaine de films, parmi lesquels, Kapò (1959) de Gillo Pontecorvo, Climats (1962) de Stellio Lorenzi, Le Huitième Jour (1960) de Marcel Hanoun, Recours en grâce (1960) de Laslo Benedek, Adua e le compagne (Adua et ses compagnes, 1960) d'Antonio Pietrangeli, Le Coup de grâce (1965) de Jean Cayrol, Les Risques du métier (1967) d'André Cayatte, et, surtout, Léon Morin, prêtre (1961) de Jean-Pierre Melville et Thérèse Desqueyroux (1962) de Georges Franju dans lesquels, face à Jean-Paul Belmondo et Philippe Noiret, elle donne deux créations exceptionnelles en intellectuelle agnostique prise à son propre piège et en épouse prisonnière du conformisme de sa belle-famille. Ce dernier rôle lui vaut un prix d'interprétation à la Mostra de Venise.

Mais, parce qu'elle est considérée comme une « actrice cérébrale », cet « état de grâce » ne dure pas. Emmanuelle Riva tourne beaucoup moins : six films dans les années 1970, dix dans les années 1980 et huit dans les années 1990 ; principalement des films « difficiles », peu propices au succès commercial, à l'exception notoire de Y a-t-il un Français dans la salle ? (1982) de Jean-Pierre Mocky, une de ses très rares comédies, et, pour l'essentiel, dans des rôles secondaires. Citons : J'irai comme un cheval fou (1973) d'Arrabal, Au long de la rivière Fango (1975) de Sotha, Le Diable au cœur (1976) de Bernard Queysanne, Les Jeux de la Comtesse Dolingen de Gratz (1980) de Catherine Binet, GliOcchi, la bocca (Les Yeux, la bouche, 1982) de Marco Bellocchio, NiezwyklapodrózBaltazaraKobera (Les Tribulations de Balthazar Kober, 1988) de Wojciech Jerzy Has, Loin du Brésil (1992) de Gérard Tilly, Trois Couleurs : Bleu (1993) de Krisztof Kieslowski, Vénus Beauté (institut) (1999) de Tonie Marshall, Le Skylab (2011) de Julie Delpy. D'une autre dimension est Amour de Michael Haneke, Palme d'or au festival de Cannes 2012. Son interprétation lui vaut de remporter le prix de la meilleure actrice aux 25e European Film Awards et aux césars 2013.

Emmanuelle Riva est également active à la télévision et surtout au théâtre où elle n'a jamais cessé de se produire, notamment sous la direction de Claude Régy (Le Retour, d’Harold Pinter ; C’est beau, de Nathalie Sarraute) et de Jacques Lassalle (Remagen, d’après Anna Seghers ; Les Fausses Confidences, de Marivaux ; Médée, d’Euripide). En 2014, dans la mise en scène de Savannah Bay de Marguerite Duras, que donne Didier Bezace, elle reprend le rôle interprété par Madeleine Renaud lors de la création de la pièce, en 1983.

Emmanuelle Riva meurt à Paris le 27 janvier 2017.

— Alain GAREL

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma

Classification

Média

<em>Hiroshima mon amour</em>, A. Resnais - crédits : Argos/Como/Pathe/Daiei/ The Kobal Collection/ Aurimages

Hiroshima mon amour, A. Resnais

Autres références

  • HIROSHIMA MON AMOUR, film de Alain Resnais

    • Écrit par
    • 997 mots
    • 1 média
    La comédienne française est incarnée par une jeune actrice de théâtre découverte par Resnais, Emmanuelle Riva. La voix de l'actrice sert magnifiquement la syntaxe si particulière du texte littéraire et lyrique de Marguerite Duras : « Tu me tues, tu me fais du bien »... « Pourquoi nier l'évidente...