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EMPATHIE

Fonctions et limites de l’empathie

Les recherches en psychologie sociale et en neurosciences sociales appuient l’idée que le partage émotionnel et le souci de l’autre (deux composants de l’empathie) jouent un rôle central dans la motivation des conduites prosociales ainsi que dans le développement de la morale chez l’enfant. Mais ces relations sont loin d’être systématiques ou indépendantes de l’identité sociale des personnes, des relations interpersonnelles, et du contexte social. Par exemple, l’activité dans le réseau de la douleur (insula et cortex cingulaire antérieur) est considérablement augmentée lorsque des participants perçoivent leurs proches souffrir par comparaison à l’activité cérébrale générée lorsqu’ils voient des étrangers souffrir, et ceci bien que le niveau objectif de souffrance affiché par les sujets soit le même. Cette réponse neuronale empathique est aussi modulée par les attitudes implicites a priori que l’on entretient envers les autres. Les forces sociales qui unissent et divisent les groupes affectent l’empathie, le raisonnement moral et les comportements prosociaux. L’empathie peut parfois conduire à un comportement amoral ou même immoral en induisant de la partialité dans les décisions, menaçant ainsi les principes de justice.

L’usage de la notion d’empathie dans la presse populaire, le discours politique, et dans les sciences sociales et biologiques est devenu un cliché. Cependant, une analyse critique et informée des études empiriques appelle à une évaluation plus nuancée des fonctions de l’empathie dans la cognition sociale qui ne sont pas systématiquement ou nécessairement positives ni une panacée.

— Jean DECETY

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Écrit par

  • : professeur de psychiatrie et de psychologie à l'université de Chicago, Illinois (États-Unis)

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