FRANÇAIS EMPIRE COLONIAL
Le premier empire colonial
Formation
Certains des facteurs que l'on vient de mentionner se modifient au xviie siècle ; entre l'avènement d'Henri IV (1589) et la mort de Colbert (1683), la monarchie fonde un premier empire colonial.
Premières expériences
Au départ, il n'y a aucun dessein d'ensemble, et l'orientation s'explique par les changements qui sont intervenus. La paix intérieure est à peu près rétablie grâce à l'édit de Nantes en 1598, ce qui favorise la reprise de la vie économique. La fin des guerres de religion a libéré des gentilshommes avides d'aventures, de terres et de richesses. L'Espagne est affaiblie. L'Italie et le Saint Empire demeurent morcelés. Le mercantilisme tend à dominer la politique économique en tant que système de pensée et d'intervention. L'élément fondamental de la doctrine consiste dans l'ébauche d'une théorie de la balance commerciale, à savoir que l'excédent de la balance est source de prospérité et de puissance, et qu'il peut résulter d'une action concertée de l'État – ce qui suppose le renforcement de ce dernier. Tel est précisément le cas de la France au xviie siècle. Dans cette perspective, il importe de contrôler des territoires qui pourront fournir à la métropole les produits qui lui manquent. Il n'est plus tellement question de quérir de l'or. Dans son Histoire de la Nouvelle-France (1609), l'avocat Marc Lescarbot écrit : « La plus belle mine que je sache, c'est du blé et du vin avec la nourriture du bétail ; qui a ceci a de l'argent. » En 1615, dans son Traité de l'économie politique, Montchrestien a développé ses arguments en faveur de l'expansion coloniale : la gloire, le développement du commerce, l'émigration et la conversion. L'opinion est loin cependant d'être unanime. Si Lescarbot conseille de « coloniser des terres nouvelles », si Montchrestien estime qu'il faut « planter et provigner de nouvelles Frances », pour Sully, par contre, de « telles conquêtes » sont « disproportionnées au naturel des Français » et « on ne tire jamais de grandes richesses de lieux situés au-delà de quarante degrés ».
Des expéditions sont organisées en direction du Canada dont les plus importantes sont celles de Samuel de Champlain. Un établissement est fondé en Acadie et le comptoir de Québec est rétabli. Les missionnaires, récollets puis jésuites, poussent Champlain à s'immiscer dans les querelles entre Indiens, car ils considèrent comme relevant de leur seule autorité les paroisses des « convertis ». Toutefois, en 1627, on ne compte que soixante-cinq Français à Québec et une centaine d'autres dans le reste du pays. Les « colons » ne pratiquent guère que le commerce, et en particulier le trafic des fourrures.
Aux Antilles, des Havrais s'installent à Saint-Christophe. D. de La Ravardière prend pied en Guyane où il se heurte aux Portugais.
Les tentatives faites par Henri IV en vue de créer des compagnies de navigation qui auraient le monopole du commerce avec les Indes occidentales ou les Indes orientales n'ont guère de succès. Les capitaux manquent ou se dérobent et les armateurs préfèrent garder leur liberté d'action.
Richelieu et la politique coloniale
Avec Richelieu, on peut (avec une certaine prudence) parler, pour la première fois, d'une politique coloniale systématique. Le point de départ néanmoins ne concerne que la marine. Richelieu a fait créer pour lui en 1626 la charge de « grand-maître, chef et surintendant général de la navigation et du commerce de France ». Le programme qu'il développe devant l'Assemblée des notables en 1627 n'est pas colonial en apparence. Il s'agit avant tout du commerce « de mer » auquel les nobles peuvent désormais se livrer sans déroger (en contrepartie,[...]
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Écrit par
- Jean BRUHAT : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
Classification
Médias
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