FRANÇAIS EMPIRE COLONIAL
Les deux guerres mondiales et la fin de l'empire colonial
La Première Guerre mondiale est suivie d'une certaine expansion du domaine colonial français, puisque la Société des Nations accorde à la France des mandats sur l'est du Togo, sur la majeure partie du Cameroun, sur la Syrie et le Liban. Si la France concède à la Libye devenue italienne 150 000 kilomètres carrés, elle retrouve les territoires de l'Afrique-Équatoriale qu'elle avait abandonnés à l'Allemagne en 1911. L'empire avait fourni, pendant la guerre, des troupes, des travailleurs, des denrées alimentaires, des matières premières et de l'argent par le truchement des emprunts de guerre et des bons de la Défense nationale. Malgré ce renforcement de l'exploitation économique et humaine, l'empire a tenu. On ne note que quelques soulèvements locaux. Au Maroc, Lyautey doit combattre Raïsouli et Abd el-Hiba. L'action de la confrérie musulmane des Senousistes a gagné les territoires sahariens et le sud de la Tunisie. En Afrique-Occidentale et à Madagascar, les exigences du recrutement provoquent des troubles. En mai 1916, au Vietnam, le roi Duy-Tân s'enfuit. Isolé (les mandarins sont devenus des collaborateurs et les paysans n'ont plus confiance dans la monarchie), il est arrêté, exilé à la Réunion et remplacé par son cousin Khaï-Dinh.
Les troubles graves vont éclater dans la période d'entre deux guerres pour des raisons complexes : déception générale (on ne tient que très partiellement les promesses de réformes qui avaient été faites pendant la guerre), renforcement de l'exploitation économique (Albert Sarraut publie en 1923 un ouvrage intitulé La Mise en valeur des colonies), déclin de la puissance de l'Europe, influence de la révolution soviétique. En même temps, dans la métropole, le thème de l'empire est exalté dans un climat d'euphorie générale et de bonne conscience dont témoignent en particulier la commémoration du centenaire de l'expédition d'Alger et l'Exposition coloniale en 1931. Malgré une opposition anticolonialiste plus systématique depuis la création d'un Parti communiste français (1920), la majorité de l'opinion ne met pas en doute la permanence du fait colonial. C'est l'époque où convergent les courants les plus disparates qui tendent tous à la justification de la colonisation française : le nationalisme renforcé par la victoire, l'exaltation d'une nation qui se présente à la fois comme la fille aînée de l'Église et l'héritière de la Révolution de 1789, la référence au thème du génie assimilateur de la France, etc.
Le Maroc est ébranlé en 1925-1926 par la révolte d'Abd el-Krim, qui doit capituler après une guerre très dure où la France est obligée, comme naguère, de faire appel aux troupes du contingent. Parmi les jeunes lettrés marocains et autour du Sultan se dessine une tendance qui vise à la restauration de l'indépendance dans le cadre d'un Maroc modernisé. En Algérie, l'opposition des colons fait échouer les plans de réformes électorales, et en particulier le projet Blum-Violette de 1937, ce qui entraîne la recrudescence de mouvements de résistance aux objectifs divers : les uns revendiquent l'indépendance, d'autres préconisent l'assimilation, d'autres enfin sont attirés par le communisme. En Tunisie, des réformes sont octroyées après les troubles de 1920-1921. Leur acceptation par le parti du Destour provoque, en signe de protestation, la création du Néo-Destour. Dissous en 1933, amnistié en 1936, il est à nouveau dissous en 1938. Dans le Proche-Orient, les difficultés s'accumulent. Mécontents des corvées, des réquisitions, des amendes collectives, les Druzes se soulèvent en 1925-1926. Les accords Viénot du 9 septembre 1936, qui prévoyaient la formation d'une Grande-Syrie et l'accession du pays à l'indépendance après[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean BRUHAT : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
Classification
Médias
Autres références
-
FRANCE : CONSTITUTION DU SECOND EMPIRE COLONIAL - (repères chronologiques)
- Écrit par Sylvain VENAYRE
- 147 mots
1830 Prise d'Alger, début de la deuxième colonisation française.
1847 Reddition d'Abd el-Kader.
1863 Annexion de la Cochinchine. Protectorat sur le Cambodge.
1881 Protectorat sur la Tunisie.
1882 Occupation des territoires parcourus par Savorgnan de Brazza autour du fleuve Congo.
1885...
-
ABD EL-KADER (1808-1883)
- Écrit par Charles-Robert AGERON
- 1 384 mots
- 1 média
Proclamé « sultan des Arabes » par quelques tribus de l'Oranie le 22 novembre 1832, Abd el-Kader s'imposa par une victoire sur les milices de l'ancien bey turc et mena avec bravoure, pendant quinze ans, la guerre sainte contre les Français. Jusqu'en 1838, toutefois, ceux-ci l'aidèrent à asseoir sa souveraineté...
-
ABOLITION DE L'ESCLAVAGE DANS LES COLONIES FRANÇAISES
- Écrit par Sylvain VENAYRE
- 194 mots
- 1 média
La lutte pour l'abolition de l'esclavage commence au xviiie siècle, menée par les Britanniques Granville Sharp et William Wilberforce, les Américains Anthony Benezet et John Wesley ou le Français Guillaume Raynal. En France, en dépit de la Déclaration des droits de l'homme et...
-
ABOLITION DE L'ESCLAVAGE DANS LES EMPIRES COLONIAUX EUROPÉENS - (repères chronologiques)
- Écrit par Sylvain VENAYRE
- 184 mots
1789Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.
1791 Révolte de Saint-Domingue menée par Toussaint Louverture.
1793 Abolition de l'esclavage à Saint-Domingue.
1794 Abolition de l'esclavage dans toutes les colonies françaises.
1802 Rétablissement de l'esclavage dans les colonies...
-
ACADIE
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 899 mots
- 1 média
Le territoire connu pendant plus de deux siècles sous le nom d'Acadie comprenait la côte atlantique du Canada et correspondait approximativement aux trois provinces actuelles de Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick et Île-du-Prince-Édouard. Ces côtes furent très tôt fréquentées par des...
- Afficher les 176 références