GUPTA EMPIRE
Déclin de la dynastie
Dans l'état actuel des connaissances, il est impossible de tracer de façon satisfaisante l'histoire de la postérité de Kumāragupta Ier. Les listes généalogiques ou royales établies dans des inscriptions qui sont dues à ses successeurs ou en font mention présentent des divergences considérables. Aussi a-t-on pensé qu'à la suite des guerres de la fin du règne du Kumāragupta Ier la dynastie avait pu perdre son caractère impérial et se scinder en deux branches, l'une dominant à l'ouest et l'autre à l'est. Cette hypothèse, avancée par le R. G. Basak, s'appuie notamment sur le fait que deux fils de Kumāragupta Ier, Skandagupta et Purugupta, régnèrent. Rien toutefois n'indique qu'ils exercèrent la souveraineté simultanément sur des territoires différents. Des inscriptions mentionnent que Skandagupta portait le titre de prince héritier du vivant de son père, et aussi qu'à la mort de celui-ci, en 455, il monta sur le trône ; l'année 467 est la dernière date de son règne qui soit mentionnée.
Par la suite, les documents portent les noms des trois souverains qui pourraient être tous fils de Purugupta et avoir ceint la couronne successivement au cours d'une période assez courte (R. K. Mookerji) : Kamāragupta II, cité dans une inscription de Sārnāth datée de 473 ; Budhagupta, désigné par le missionnaire chinois Xuanzang (qui visita l'Inde au viie s.) comme fils de Kumāragupta Ier ; mais qu'un sceau découvert à Nālandā donne comme le fruit de l'union de Purugupta et de Candradevī, et dont la dernière date connue est 494 ; enfin Narasiṃhagupta, placé parfois avant Budhagupta.
Budhagupta conserva une bonne partie de l'héritage familial puisque son hégémonie s'étendait du Bengale au Mālava. Dans cette dernière province, les Huns furent à nouveau signalés dès 484. Leur chef Toramāṇa battit à Eran, en 510 ( ?), Bhānugupta, lequel ne figure sur aucune liste royale et pourrait avoir été gouverneur du Mālava sous Narasiṃhagupta. Le mérite d'avoir écrasé Mihirakula, fils de Toramāṇa, et repoussé définitivement les Huns en 533 devait être revendiqué par Yasóvarman, un roi de la dynastie de Mandasor, rivale de la maison Gupta.
C'est vraisemblablement après la bataille d'Eran que se produisit la dislocation de l'empire Gupta (et non à la mort de Kumāragupta Ier). L'Arya-Mañjusrī-Mūlakalpa, texte bouddhique, donne à entendre qu'à la suite de sa victoire sur Bhānugupta le Hun poursuivit Narasiṃhagupta, jusqu'au Magadha, puis l'aurait contraint de fuir au Bengale, mettant sur le trône de Bénarès un certain Prakatāditya, fils présumé du roi vaincu. D'autre part, un Vainyagupta est attesté au Bengale oriental par une charte de donation datée de 507.
Cependant, le Magadha devait, à un moment qui n'est pas précisé dans les sources, revenir à un Kṛṣṇagupta (prononcer « Krichnagoupta »), peut-être un cadet Gupta ancien vassal de Budhagupta. Sa lignée ne compta pas moins de dix rois et assura localement la continuité dynastique. Le cinquième et le sixième après Kṛṣṇagupta rendirent hommage à la dynastie des Vardhana, représentée par Prabhākara à Sthānesv́ara (moderne Thaneshvar), puis par l'illustre Harṣa (605-647) à Kanyākubja (Kanauj) qui réunit sous son sceptre une bonne partie des anciennes possessions des Gupta et prolongea, dans le domaine culturel, leur action bienfaisante. Avant de disparaître à la fin du viie siècle, les descendants de Kṛṣṇagupta avaient tenté en vain de s'opposer à l'expansion territoriale des Cālukya de Vātāpi (actuellement Bādāmi, au Mahārāshtra).
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Écrit par
- Rita RÉGNIER : chargée de recherche au CNRS, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet
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