OTTOMAN EMPIRE
La question d'Orient (1774-1878)
Réformes dans un empire en crise
Au moment où le sultan Selim III arrive au pouvoir (avr. 1789), l'Empire ottoman est une nouvelle fois en guerre avec les Russes et les Autrichiens : avec ceux-ci la paix de Svitchov (août 1791) marque pour près d'un siècle la fin des hostilités et le statu quo frontalier ; avec les Russes, par contre, ce sont de nouveaux territoires qui doivent être concédés à la paix de Jassy (janv. 1792). Selim III veut alors apporter des réformes dans l'Empire, en particulier dans l'armée : la promulgation du Nizam-idjedid (le nouveau règlement, 1793) en est un signe, mais insuffisant car il ne rénove pas de façon profonde le corps des janissaires, trop souvent à l'origine des troubles. D'autre part, dans plusieurs provinces des rébellions éclatent : en Syrie, au Hedjaz, en Bulgarie, en Serbie. À cela s'ajoute l'expédition de Bonaparte en Égypte qui provoque une crise sérieuse dans les relations turco-françaises (1798-1802). Lorsque, à nouveau, Selim III cherche à réorganiser l'armée, les janissaires se révoltent, marchent sur Constantinople, déposent le sultan qui est exécuté peu après (juin 1808) ; à Mustafa IV, sultan pour quelques semaines, succède Mahmud II (Mahmut, 1808-1839) qui va être l'initiateur des réformes.
Ayant signé avec les Russes la paix de Bucarest (mai 1812) qui octroie à ceux-ci la Bessarabie et reconnaît aux Serbes une certaine autonomie, Mahmud II entreprend sans se hâter une série de réformes, dont la principale se situe en juin 1826 avec la suppression des janissaires qui sont massacrés. Mais ces réformes sont encore limitées : par la suite elles sont reprises et complétées par le sultan Abdul-Medjid (Abdülmecit) qui, par la promulgation du hatt-isherif (édit auguste) de Gül-Hané (3 nov. 1839), inaugure véritablement la période des réformes, les Tanzimāt. Par cet édit, il est décidé que tous les sujets de l'Empire sont égaux, sans distinction de religion ou de nationalité, que la loi est la même pour tous, que chacun versera directement à l'État des impôts en proportion de sa fortune, que le service militaire est institué et effectué par tirage au sort. Des réformes sont également introduites dans l'enseignement traditionnel : elles ne commencent à être effectivement appliquées que sous le règne du sultan Abdul-Aziz (Abdülaziz, 1861-1876). Le pouvoir central est organisé à l'européenne, avec départements ministériels et ministres responsables ; en mai 1868 sont créés un Conseil d'État et une Cour suprême de justice, tous deux composés de musulmans et de chrétiens ; enfin, il faut noter l'apparition de journaux, d'abord officiels, ensuite privés.
Toutes ces réformes ont lieu alors que l'Empire est secoué par de graves crises, plus spécialement par des soulèvements à caractère national ; en Serbie où, après quinze années de lutte, les Serbes obtiennent que leur province soit reconnue comme principauté autonome, sous suzeraineté turque ; en Épire, où Ali de Tépédélen (ou Tébélen) tient tête aux Ottomans pendant vingt ans (1803-1822) ; en Égypte où Mehmed Ali (Muhammad ‘Ali) se fait proclamer gouverneur (1805), liquide le régime féodal et militaire des Mameluks (1811), puis impose son autorité au Hedjaz (1812) aux Wahhābites d'Arabie (1818) et au Soudan (1821).
Émancipation de l'Égypte et de la Grèce (1797-1830)
Les deux crises les plus sérieuses se produisent successivement à propos de la Grèce et de l'Égypte. Au mouvement idéaliste de libération lancé par Rhigas en 1797 succède en 1821 une insurrection nationale qui vise à l'indépendance totale de la Grèce. Cette insurrection est vivement soutenue par le tsar Nicolas Ier, plus mollement par les Anglais, peu soucieux de favoriser la pénétration russe,[...]
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Écrit par
- François GEORGEON : directeur de recherche émérite au C.N.R.S.
- Robert MANTRAN : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Provence-Aix-Marseille-I
Classification
Médias
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APOGÉE DE L'EMPIRE OTTOMAN - (repères chronologiques)
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1520 Avènement de Soliman II, dit le Magnifique (1494-1566)....
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ABDALLAH ou ABD ALLAH (1882-1951) roi de Jordanie (1946-1951)
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