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EMPIRE (PREMIER)

Les défaites

Alors qu'on s'attendait à le voir chasser Wellington de la péninsule Ibérique, Napoléon attaqua le tsar. Et l'expédition de Russie a sauvé une seconde fois l'économie anglaise du désastre. Des spéculations imprudentes en Amérique latine avaient provoqué en effet, en 1811, une nouvelle dépression plus grave encore qu'en 1808. En favorisant la révolte de l'Europe contre Napoléon, la défaite de la Grande Armée en Russie a permis à l'Angleterre de récupérer le marché allemand puis européen.

La campagne de Russie

L'alliance conclue entre les deux Grands à Tilsit en 1807, déjà ébranlée lors de l'entrevue d'Erfurt, n'a pu résister aux exigences du Blocus continental. Les rapports du consul français, de Lesseps, avaient alerté Napoléon : la balance commerciale russe devenait déficitaire depuis la rupture de ses relations avec l'Angleterre ; de son côté, l'industrie cotonnière souffrait du manque de matière première. L'opinion s'irritait d'une alliance contraire aux intérêts de l'empire des tsars et qu'elle jugeait « immorale ». De surcroît, Alexandre redoutait la reconstitution par Napoléon du royaume de Pologne, dont le grand-duché de Varsovie avait paru la première étape ; il se rendait compte également que Napoléon ne souhaitait nullement lui abandonner Constantinople. L'annexion par l'empereur du duché d'Oldenbourg mit le feu aux poudres.

À cet affrontement, Napoléon était lui aussi résolu. Il existait en effet pour lui un péril russe depuis la présence pendant les guerres révolutionnaires des forces de Souvorov en Italie. Si l'on en croit ses confidences à Narbonne, il se considérait comme le défenseur de l'Europe civilisée contre les barbares du Nord. Il voyait d'ailleurs plus loin et songeait, Moscou prise, à utiliser les parties orientales de l'Empire russe comme bases d'une expédition vers l'Inde, à la source même de la richesse anglaise. Malgré les avertissements de ses conseillers, il semble que Napoléon ait cru que la campagne serait brève et que le tsar capitulerait rapidement devant l'immensité des forces adverses et la menace d'un soulèvement des serfs.

Il n'en fut rien. Il n'est pas exact toutefois que la stratégie russe ait consisté à attirer Napoléon au cœur de la Russie pour laisser à l'espace et au climat le soin de l'anéantir. Selon Clausewitz, qui participa à la défense, c'est le manque de cohésion des généraux russes, leur peur d'affronter l'empereur qui les incitèrent à reculer. L'idée d'utiliser l'immensité du pays et les rigueurs de l'hiver n'est venue qu'après.

Ainsi Napoléon parvint-il à Moscou, après la terrible bataille de Borodino, au mois de septembre 1812. Il attendait une offre de paix du tsar, mais celui-ci ne se manifesta pas. Le 19 octobre, l'empereur dut se résigner à la retraite. Il était trop tard. Bientôt apparurent les premières gelées. Harcelée par les cosaques, l'armée napoléonienne dut retraverser par des températures inférieures à − 30 0C un pays déjà dévasté à l'aller. À son entrée en Russie, en juin 1812, elle comptait 700 000 hommes ; 30 000 seulement, suivis d'une longue cohorte de traînards, repassèrent le Niémen. Napoléon laissait derrière lui 400 000 morts et 100 000 prisonniers.

Les réveils nationaux

Napoléon avait abandonné, le 5 décembre, le commandement de l'armée pour regagner la France où, il venait de l'apprendre, le général Malet avait tenté de s'emparer du pouvoir en faisant croire aux autorités que l'empereur était mort devant Moscou. Mal comprise, cette affaire est inséparable de la crise économique qui secoue alors la France et du malaise religieux. Des spéculations malheureuses nées du Blocus continental[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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Médias

Portrait de Napoléon I<sup>er</sup>, Girodet-Trioson - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Portrait de Napoléon Ier, Girodet-Trioson

Bataille d'Austerlitz - crédits : Roger-Viollet

Bataille d'Austerlitz

Napoléon sur le champ de bataille d'Eylau, A. J. Gros - crédits : Universal History Archive/ Getty Images

Napoléon sur le champ de bataille d'Eylau, A. J. Gros

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