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EMPIRE (PREMIER)

L'œuvre napoléonienne

L'œuvre de Napoléon a été l'objet de jugements toujours passionnés, rarement objectifs.

Certes, la France a finalement perdu ses frontières naturelles et se retrouve plus petite qu'avant la Révolution, mais on ne peut parler de « saignée démographique » due aux guerres de l'Empire. La population est passée entre 1800 et 1817 de 25 à 27 millions d'habitants. Ce phénomène s'explique par une augmentation de la natalité qui suit l'augmentation de la nuptialité. Déjà élevée sous l'Ancien Régime, la nuptialité connaît en effet un fort accroissement, que favorisent la nouvelle législation civile et sociale de la Révolution et le système de la conscription qui exempte les hommes mariés du service militaire ; les principales pointes se situent entre 1809 et 1813. Cependant à cet accroissement des mariages ne correspond pas un mouvement proportionnel des naissances. La déchristianisation est sans doute à l'origine d'un progrès du contrôle des naissances. La mortalité civile recule dans les campagnes par suite du développement de la vaccine et des améliorations de l'alimentation. Quant aux morts de la Grande Armée, le chiffre en a été ramené par les recherches récentes à un million : 471 000 décès ont été officiellement enregistrés ; il y aurait 530 000 disparus. Les pertes civiles n'ont été importantes qu'en 1814, puisque les campagnes napoléoniennes se sont toujours déroulées auparavant hors du territoire français. Le mouvement des naissances a compensé ces pertes.

Le bilan économique, lui, est franchement positif. Là encore, la guerre a joué un rôle d'accélérateur. La période 1800-1817 correspond à un mouvement de hausse des prix. De 1780 à 1815, le prix moyen du froment s'élève de 55 p. 100.

La multiplication des défrichements – de manière parfois incontrôlée – et le partage des biens communaux permettent d'expliquer l'augmentation des terres cultivables. Mais la prairie artificielle, malgré de sensibles progrès dans l'Est, se heurte à des résistances. La peur de la disette contraint le paysan à ne pas enlever trop de terre à la culture du blé. En revanche, la culture de la pomme de terre triomphe des derniers préjugés des paysans. Par ailleurs, le Blocus a favorisé les cultures tinctoriales : garance, safran, pastel destinés à remplacer les teintures coloniales ; la chicorée se substitue au café, et Delessert parvient à fabriquer dans son atelier de Passy du sucre de betterave. De son côté, Chaptal développe la chimie vinicole. L'enquête agricole de 1812 met en lumière d'incontestables améliorations.

En libérant la France de la concurrence anglaise, le Blocus continental a permis à l'industrie française de progresser rapidement, sans pourtant rattraper son retard sur sa rivale insulaire, dont la suprématie devait être consolidée par un matériel de quatre à cinq fois supérieur en quantité à l'outillage continental. Les innovations techniques n'ont pourtant pas manqué en France : machine à filer le lin de Philippe de Girard, métier à tisser de Jacquard, cylindre à imprimer les indiennes d'Oberkampf, invention de la soude artificielle par Leblanc, etc. L'augmentation globale de la production industrielle serait de l'ordre de 25 p. 100 depuis les dernières années du xviiie siècle. Les travaux de T. Markovitch (L'Industrie française de 1789 à 1964) montrent une élévation très sensible pour la période 1800-1814 du produit national réel, calculé par tête.

À qui profite cette expansion économique ? Le premier Empire consacre la destruction de la féodalité et son remplacement par une société de classes ; les Bourbons restaurés n'ont pu revenir sur cette transformation.

Transformation qui avantage en premier lieu la paysannerie. Avec la vente[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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Médias

Portrait de Napoléon I<sup>er</sup>, Girodet-Trioson - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Portrait de Napoléon Ier, Girodet-Trioson

Bataille d'Austerlitz - crédits : Roger-Viollet

Bataille d'Austerlitz

Napoléon sur le champ de bataille d'Eylau, A. J. Gros - crédits : Universal History Archive/ Getty Images

Napoléon sur le champ de bataille d'Eylau, A. J. Gros

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