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EN ATTENDANT LES BARBARES, John Maxwell Coetzee Fiche de lecture

J. M. Coetzee - crédits : Fairfax Media/ Getty Images

J. M. Coetzee

L'expérience de la violence hante la fiction du romancier sud-africain J. M. Coetzee (né en 1940). Après avoir évoqué la guerre psychologique au Vietnam et l'extermination des Hottentots aux débuts de la colonisation dans Dusklands (1974), Coetzee sonde les fantasmes d'une fille de fermier blanc solitaire dans le roman expérimental Au Cœur de ce pays (1977). Mais c'est En attendant les barbares (Waiting for the Barbarians, 1980), qui lui vaut pour la première fois une reconnaissance internationale, qui culmine en 2003 avec l'obtention du prix Nobel de littérature.

De l'insouciance à l'insoutenable

Le protagoniste de ce roman, un magistrat âgé, coule des jours paisibles dans une forteresse aux confins d'un désert qui ne figure sur aucune carte géographique. Un jour, le colonel Joll, qui commande le détachement armé censé défendre l'Empire sur ses marges, ramène à la forteresse des prisonniers capturés arbitrairement parmi la population locale. Tandis que les captifs sont soumis à la torture, le magistrat se tient d'abord à l'écart. Lorsqu'il s'interroge enfin sur ce qui se passe autour de lui, commence pour lui une longue plongée dans l'horreur. Il rencontre une jeune fille « barbare » qui a pratiquement perdu la vue et dont les jambes ont été brisées sous les coups. Le magistrat l'abrite chez lui et commence à s'adonner sur son corps nu à d'étranges rituels voyeuristes impliquant le lavement des pieds de la jeune fille. Ces actes, mi-masturbatoires, mi-expiatoires, qui illustrent la dialectique du maître et de l'esclave, ressemblent à une quête désespérée du sens. En gravant au fer rouge dans la chair des captifs le mot « ennemi », les soldats soumettent les « barbares » à une épreuve qui évoque la punition infligée à l'officier dans La Colonie pénitentiaire, de Kafka.

Un jour le vieil homme décide de reconduire la jeune fille chez les siens. Il entame alors une traversée initiatique du désert qui le sépare du lieu où elle a grandi. Au retour, le colonel Joll accuse le magistrat de complicité avec l'ennemi et le jette au cachot. Le vieil homme subit un long avilissement physique et moral d'où il émerge seulement lorsque Joll, qui a organisé une expédition punitive contre les « barbares », revient, ayant perdu la plupart de ses troupes dans le désert sans jamais rencontrer l'« ennemi ». Il se replie sur la capitale, laissant au magistrat le loisir de reprendre son existence insouciante.

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Média

J. M. Coetzee - crédits : Fairfax Media/ Getty Images

J. M. Coetzee

Autres références

  • COETZEE JOHN MAXWELL (1940- )

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    • 808 mots
    • 1 média

    Né à Cape Town en 1940, John Maxwell Coetzee a pour ancêtres des colons hollandais venus s'installer en Afrique du Sud à la fin du xviie siècle (allusion y est faite dans Dusklands, 1974). Ses études le mènent aux États-Unis, où il enseigne la littérature anglaise, après avoir consacré...