ÉNÉIDE, Virgile Fiche de lecture
Considéré comme le plus grand poète romain, Virgile (70-19 av. J.-C.) était un amoureux de la nature, se refusant à toute participation active à la vie politique ou administrative : ses deux recueils de poèmes, les Bucoliques (37 av. J.-C.) et les Géorgiques (27 av. J.-C.) témoignent de cette aspiration, où se formule déjà le désir d'un retour aux sources. Mais Virgile est aussi l'auteur de l'Énéide. Cette épopée relate les exploits d'Énée et les origines de Rome. Elle put apparaître en son temps comme une œuvre de propagande puisqu'elle faisait de l'empereur Auguste le descendant du prestigieux héros. C'est d'ailleurs Auguste qui insista, à la mort de Virgile, pour que l'œuvre fût conservée et publiée, alors que le poète avait souhaité qu'elle fût détruite car il la jugeait inachevée. La Mort de Virgile (1945), d'Hermann Broch, a transfiguré cet événement en une des plus belles méditations sur la création.
L'épopée d'Énée
Virgile a trouvé son inspiration pour l'Énéide (Aeneis) dans les grandes épopées d'Homère : il s'agissait de donner à la culture romaine une œuvre digne de l'Iliade et de l'Odyssée. Tous les commentateurs ont insisté sur la proximité de l'épopée latine avec les œuvres d'Homère. On a ainsi coutume de distinguer deux parties dans l'Énéide : la première (chant I à VI) relate les voyages d'Énée et s'apparente à l'Odyssée ; la seconde, reprenant les grands motifs de l'Iliade, évoque les guerres pour la conquête du Latium.
Après un très court exorde, le récit commence abruptement : Énée, son fils Ascagne (ou Iule) et les Troyens pensent rejoindre l'Italie lorsqu'une violente tempête les fait aborder en Afrique, à Carthage, où ils sont accueillis par la reine Didon (chant I). Celle-ci prie Énée de lui faire le récit de ses aventures : les chants II et III constituent donc des récits dans le récit, Énée narrant la chute de Troie et les années d'errance qui ont succédé à la défaite. Le chant IV relate les amours d'Énée et de Didon, qui s'achèvent tragiquement : passionnément éprise, Didon s'efforce en vain de retenir Énée auprès d'elle, mais celui-ci doit accomplir sa mission. Désespérée, elle finit par s'immoler sur un bûcher. Après une halte en Sicile (chant V), Énée arrive en Italie. Guidé par la sibylle de Cumes, il descend aux Enfers pour y voir une dernière fois son père Anchise et recueillir de lui les prophéties de la fondation de Rome : « Là, maintenant, regarde et contemple ce peuple,/ Tes Romains. Vois César et tous les fils d'Iule/ Tels que du ciel immense ils verront la lumière./ C'est lui que si souvent tu t'entendis promettre./ Par le divin César l'âge d'or renaîtra/ Dont Saturne jadis au Latium fut roi. »
Le chant VII relate les débuts de la guerre qui oppose les Troyens, conduits par Énée, et les Rutules commandés par Turnus. Les chants VIII et IX mettent en scène les alliances entre humains et dieux, ainsi que le siège des Troyens. La violence des combats fait rage aux chants X et XI, jusqu'à l'ultime chant qui achève l'épopée avec l'affrontement entre Énée et Turnus et la victoire d'Énée : « De Turnus tout le corps et se glace et se rompt ;/ Et l'âme, amère, fuit, gémissant, chez les ombres. »
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Écrit par
- Marie-Gabrielle SLAMA : Agrégée de Lettres modernes, auteur-éditeur
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Média
Autres références
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CIVILISATION ROMAINE (notions de base)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 4 292 mots
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ÉNÉE
- Écrit par Encyclopædia Universalis
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VIRGILE (70-19 av. J.-C.)
- Écrit par Jacques PERRET
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On a souvent, dès l'Antiquité même, définiL'Énéide comme une Odyssée que suivrait une Iliade : six livres d'aventures, puis six livres de combats. Comme dans L'Odyssée, l'action commence in medias res. Alors qu' Énée et ses Troyens pensaient atteindre enfin l'Italie,...