ENFANCE (Les connaissances) Développement psychomoteur
L'enfant de un à trois ans : l'âge de la déambulation et du langage
À un an, l'enfant est capable de se tenir debout, d'abord avec appui, puis sans appui, en élargissant son polygone de sustentation, jambes écartées. À l'hypertonie des premiers mois a succédé une hypotonie telle que l'on peut faire prendre aux différents segments du corps des positions véritablement acrobatiques : témoin la souplesse avec laquelle l'enfant de cet âge suce son pied.
Au début de la deuxième année apparaît la marche indépendante. On peut la situer en moyenne à treize ou quatorze mois, mais les écarts sont considérables (neuf à dix-huit mois) ; elle n'est véritablement assurée que vers deux ans. À ce moment l'enfant court, sait se relever quand il tombe, monte un à un les degrés de l'escalier. L' acquisition de la marche constitue une étape capitale puisque c'est à partir de ce moment que l'enfant est capable d'explorer par lui-même le monde qui l'entoure, allant de découverte en découverte et acquérant ainsi une autonomie de plus en plus grande.
À trois ans, la coordination des mouvements est assurée. La préhension est devenue de plus en plus fine et l'on a pu dire que la main devenait l'« outil, l'instrument de l'intelligence ». L'enfant de quinze mois imite les gestes simples. À dix-huit mois, il boit à la tasse ; à vingt-quatre mois, il essaie de s'habiller tout seul.
Le contrôle sphinctérien apparaît entre quinze et vingt mois ; l'enfant « demande » et ne doit plus se souiller si l'on répond au besoin qu'il exprime. L'importance affective du contrôle sphinctérien est grande. La première selle faite à la demande de la mère signifie que l'enfant, pour obéir au désir de celle-ci, diffère la satisfaction d'un besoin naturel.
L'acquisition du langage suppose que soient réunis un certain nombre de facteurs : maturité et intégrité des systèmes sensoriels de réception et d'expression, capacités intellectuelles adéquates, enfin, un ensemble de stimulations et de motivations, lequel dépend de la qualité affective et culturelle du milieu.
On a signalé la période prélinguistique, qui s'étend durant les quinze premiers mois. Au vagissement des premières semaines, fruste réaction à l'inconfort, fait suite le cri par lequel l'enfant exprime ses besoins et commence à manifester ses désirs.
La « bonne mère » saura interpréter ces cris et y répondre de façon adéquate ; certaines ne le savent pas, créant ainsi précocement un cercle vicieux de frustrations, d'insatisfactions, de refus. Vers deux mois, apparaît le babillage, qui dure jusqu'à la fin de la première année. C'est entre le septième et le quinzième mois que l'enfant entre dans la phase proprement linguistique. En même temps qu'il apprend à comprendre, il s'exerce à émettre des sons et modèle ainsi son propre langage sur celui d'autrui dont l'importance est ici capitale. Aux alentours de dix à douze mois, le « jasis », si riche auparavant, s'appauvrit au profit de certains sons privilégiés appartenant à la langue maternelle. Ceux-là mêmes qu'il entend prononcer par ses proches, il les emmagasine, les répète avec jubilation en un jeu qui se charge progressivement de signification dans la mesure où ses proches les lui renverront à bon escient. La compréhension déborde amplement l'élocution et la charge affective du langage enfantin est certaine. Les premiers ensembles phonétiques veulent dire plus que le mot, si bien que l'on peut parler de mot-phrase.
Le mot-phrase est alors utilisé dans un contexte extra-linguistique. Circonstances, mimiques, gestes lui donnent sa signification. Ainsi, « pati » peut aussi bien vouloir dire « maman est parti » que « je vais partir ». À ce[...]
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Écrit par
- Didier-Jacques DUCHÉ : professeur à la faculté de médecine de la Pitié-Salpêtrière, médecin des Hôpitaux, chef de clinique de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à l'hôpital de la Salpêtrière
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Média
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