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ENFANCE (Les connaissances) Développement psychomoteur

La période préscolaire : de trois à six ans

Dans le courant de la troisième année, l'enfant passe par un stade de personnalisme (H. Wallon) ; il se détache progressivement de l'état de symbiose dans lequel il vivait avec sa mère. C'est l'âge d'une ambivalence qui s'exprime par des manifestations d'opposition systématique alternant avec des manifestations d'attachement passionné. Par cette attitude, l'enfant exprime la conquête de son autonomie en s'affirmant en face du monde environnant. À cette phase fait suite une « période de grâce », marquée par le narcissisme et l'identification. Ici se situe le développement du complexe d'Œdipe décrit par Freud. C'est surtout là qu'intervient la fonction structurale du père : par sa présence, son intimité avec la mère, il est perçu comme constituant un obstacle au désir affectif de l'enfant ; le petit garçon voit en lui un rival auquel il doit se soumettre ; il finit par le considérer comme un modèle à imiter pour pouvoir devenir lui-même un homme. La petite fille s'identifie à sa mère, cherche à séduire son père, s'imagine volontiers mariée avec lui, mais doit y renoncer. Ainsi le garçon comme la fille reportent dans l'avenir la solution de ce problème pour l'instant insoluble.

À six ans débute la période dite de latence. L'enfant est maintenant apte à participer aux activités de l'école. La poussée libidinale, pendant laquelle la succession des stades du développement psycho-sexuel en avait fait un « pervers polymorphe », selon l'expression de Freud, s'est apaisée. Elle fait place au stade de l'intelligence représentative préopératoire (Piaget). Une période de cinq à sept ans va s'écouler avant que l'enfant ne maîtrise suffisamment le langage pour penser correctement avec les mots. Pendant cette période, les organisations de pensée sont imprécises, non critiquées. Le sujet attribue aux événements qu'il découvre des causes et des caractéristiques intuitives. L'imagination est alors en plein essor. Au jeu purement imitatif viennent s'ajouter de multiples représentations fantasmagoriques qui mêlent le rêve à la réalité.

L'entrée à l'école maternelle constitue une étape importante : à ce moment, l'enfant est mis en présence d'une autorité autre que celle de ses parents. Il est un élève parmi d'autres du même âge, avec lesquels il s'initie aux jeux collectifs, alors que jusqu'à ce moment, en compagnie d'un autre enfant, le jeu était parallèle. Cette initiation n'est pas toujours exempte de heurts et la qualité de l'atmosphère familiale joue un rôle toujours aussi important ; l'attitude de la mère, tout en demeurant « sécurisante », ne doit pas être hyperprotectrice, afin de permettre à l'enfant de prendre son essor.

Le père représente l'autorité, la force. Il importe que l'autorité ne soit pas tyrannie ni la force violence et agressivité. Par le mécanisme dit de répétition, l'enfant est en effet conduit à répéter dans le milieu extra-familial les expériences antérieurement vécues au sein de sa famille.

À ce stade, le rang de l'enfant dans la fratrie, la répartition des sexes à l'intérieur de celle-ci sont des éléments dont le rôle n'est pas négligeable pour le développement psychologique et intellectuel.

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Écrit par

  • : professeur à la faculté de médecine de la Pitié-Salpêtrière, médecin des Hôpitaux, chef de clinique de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à l'hôpital de la Salpêtrière

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Média

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