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ENFERS ET PARADIS

Paradis et enfers des Indo-Iraniens

Une hymne célèbre au Soma ( Rig Veda, IX, 113) nous révèle le désir de l'Indien védique de prendre place, après la mort, auprès des dieux immortels, dans les mondes de lumière :

 Là-bas où brille la lumière perpétuelle, en ce même monde où le soleil a eu sa place (ô Soma) ! clarifié, dans cet inépuisable séjour d'immortalité, installe-moi !  Là-bas où est Yama, fils de Vivasvat, là-bas où se trouve l'enclos du ciel, là-bas où sont les eaux éternellement jeunes, fais de moi en ce lieu-là un immortel (ô Soma) !  Là-bas où chacun s'active suivant ses désirs, dans le triple firmament, dans le triple ciel du ciel, là-bas où sont les mondes de lumière, fais de moi en ce lieu-là un immortel (ô Soma) ! (traduction A. Varenne).

Le voyage au ciel, le pont qui relie la terre au ciel, les deux chiens qui gardent le pont, l'interrogatoire de l'âme sont des motifs qui se rencontrent aussi bien dans l'Inde ancienne que dans l' Iran : ils remontent probablement à l'époque de l'unité indo-iranienne. Le pont, attesté dans l'Inde depuis le Yajur Veda, joue un rôle plus important encore en Iran : l'âme doit traverser le pont Cinvat qui, pour le juste, est large de neuf longueurs de lance, tandis qu'il est étroit « comme la lame d'un rasoir » pour les impies. Comme l'écrit Jacques Duchesne-Guillemin : « L'âme monte au ciel en quatre étapes, dont les trois premières correspondent respectivement à ses bonnes pensées (étoiles), ses bonnes paroles (lune) et ses bonnes actions (soleil). Le paradis suprême se trouve dans les Lumières infinies. L'âme y est conduite par Vohu Manah, qui la mène au trône d'or d'Ahura Mazdah. Au ciel, les âmes des justes se nourrissent de mets délicieux, tandis que les âmes des impies, dans les quatre zones de l'enfer, reçoivent une nourriture infecte.

Dans l'Inde, le séjour souterrain, où règne Yama, est réservé aux pécheurs de toutes sortes. L'Isha Upanishad évoque « ces mondes que l'on nomme sans soleil, recouverts qu'ils sont d'aveugle ténèbre : y entrent après leur mort ceux qui ont tué leur âme. » Le pays des morts est gardé par deux chiens. « Tes deux chiens de garde, ô Yama, quatre yeux qui gardent le chemin, surveillant les hommes » (Rig Veda, X, 14, 11).

Selon les Upanishad, après la mort, l'âme se dirige soit vers l'enfer (ce qui implique aussi des réincarnations d'ordre inférieur, surtout dans des animaux), soit vers une sorte de paradis dans la lune, en attendant les renaissances d'ordre supérieur. Ce chemin s'appelle la « voie lunaire » ou le « chemin des mânes ». Les vertueux et les parfaits prennent la « voie solaire » ou le « chemin des dieux », car le soleil permet l'accès au monde transcendantal de Brahman. Les âmes qui empruntent le chemin des dieux sortent définitivement de la roue des transmigrations.

Il existe d'innombrables descriptions des vingt et un enfers imaginés par les Hindous. Les pécheurs sont dévorés par des bêtes fauves et par des serpents, ils sont laborieusement grillés, sectionnés au moyen de scies, tourmentés par la soif et la faim, bouillis dans de l'huile ou broyés au pilon, moulus dans des vases de fer ou de pierre, etc. Mais après avoir passé par de telles souffrances, les suppliciés vont connaître encore les angoisses qui accompagnent leur migration à travers des corps d'animaux. Les enfers ont leur contrepartie dans les paradis célestes qui leur correspondent. Les épopées – le Mahābhārata et le Rāmāyana – et les Purānas décrivent le ciel de chacun des cinq grands dieux. En ordre ascendant, ce sont le ciel d'Indra, peuplé de danseuses et de musiciens, le ciel de Çiva où règnent le dieu et sa famille, le ciel de Vishnu, construit[...]

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, professeur à l'Institut Saint-Serge de Paris
  • : professeur à l'université de Chicago

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