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ENFERS ET PARADIS

L'autre monde selon Homère

Dans la Grèce ancienne, on croyait que les âmes des morts descendaient du tombeau dans l' Hadès, vaste caverne qui s'étendait à l'intérieur de la terre. Là régnaient les dieux de l'enfer. Au-delà de l'Océan, se trouvaient les îles Fortunées, où étaient miraculeusement transportés les héros. Homère décrit les ombres des morts plongées dans une torpeur à demi consciente : elles ne retrouvaient leurs forces et leur mémoire qu'en s'abreuvant du sang des victimes. À Rome également, l'enfer, l'Orcus, était imaginé comme une grotte obscure plongée dans les ténèbres. Quant aux Étrusques, leurs enfers souterrains étaient peuplés de démons terrifiants.

Toujours selon Homère, l'Hadès était arrosé par quatre fleuves, dont les eaux le séparaient du monde des vivants. Le vieux batelier, Charon, transportait les âmes des morts sur l'autre rive. Un chien monstrueux, Cerbère, gardait les portes de l'enfer. Il n'existait aucune distinction entre les coupables et les autres ; nulle récompense, ni punition. Et pourtant, même cette existence larvaire était préférable au sort de celui qui n'avait pas de funérailles. « Ensevelis-moi au plus vite, dit l'ombre de Patrocle à Achille, afin que je passe les portes de l'Hadès. Des âmes sont là qui m'écartent, m'éloignent, ombres des défunts. Elles m'interdisent de franchir le fleuve et de les rejoindre. » (Iliade, ch. XXIII, 71 et suiv.)

Mais au chant XI de L'Odyssée, dans un passage de date plus récente, on rencontre les premières allusions aux châtiments infligés dans l'Hadès. Il est vrai qu'il ne s'agit pas des pécheurs ordinaires, mais de trois personnages mythologiques qui avaient commis de graves offenses contre les dieux : Tityos, Tantale et Sisyphe. Ulysse aperçoit le premier, étendu sur le sol : deux vautours lui déchiraient le cœur. Tantale, consumé d'une soif ardente, était « debout dans un lac dont l'eau, plus limpide que le cristal, affleurait à son menton » ; mais, chaque fois qu'il se penchait pour boire, l'eau s'évanouissait. Des arbres inclinaient jusqu'à lui leurs rameaux chargés des fruits les plus délicieux ; mais chaque fois que Tantale levait les mains pour les cueillir, un ouragan soudain redressait les rameaux tentateurs. Quant à Sisyphe, Ulysse le décrit travaillant des pieds et des mains pour hisser une roche énorme jusqu'au faîte d'une montagne : « Mais au moment où, hors d'haleine, il était tout près d'y placer cette masse, quelque force invisible la repoussait ; et, une fois de plus, retombait puis dégringolait la maléfique roche. »

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, professeur à l'Institut Saint-Serge de Paris
  • : professeur à l'université de Chicago

Classification

Médias

Angkor Vat: relief - crédits : H. Champollion/ AKG-images

Angkor Vat: relief

Jérusalem céleste - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

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Le Jugement universel, J. Bosch - crédits : Nimatallah/ AKG-images

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Autres références

  • ACHÉRON

    • Écrit par
    • 189 mots

    Dans la demeure d'Hadès, aux Enfers, coule l'Achéron ; par ses sonorités plus que par une stricte étymologie, il « coule » et « roule le deuil ». Circé et Homère (Odyssée, X, 512 sqq.) y font confluer le Pyriphlégéton (le fleuve « brûlant de feu ») et le Cocyte (« gémissement...

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