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BILAL ENKI (1951- )

Enki Bilal - crédits : Ulf Andersen/  Getty Images

Enki Bilal

Enki Bilal est un auteur de bandes dessinées, peintre et cinéaste français. Il expose, dans ses ouvrages de bandes dessinées, ses tableaux et ses films, une vision d'un monde en dégénérescence chronique, qui peut faire penser dans un autre domaine au Précis de décomposition (1949) de Cioran, un des auteurs qui l’ont marqué. Si l'œuvre peut sembler fondamentalement pessimiste et désespérée, son créateur, qui a notamment déclaré « La fin de l’humanité s’installe en moi comme une intuition du présent », la voit aussi comme teintée d’humour et de dérision. Il a manifesté à de nombreuses reprises son intérêt pour la chose publique.

Graphiste, décorateur, cinéaste

Enes – dit « Enki » – Bilal, est né dans l'ex-Yougoslavie, à Belgrade (Serbie), le 7 octobre 1951, d'un père bosniaque musulman laïque et d'une mère tchèque et catholique. Il arrive en France à l'âge de dix ans. Après avoir suivi quelques cours à l'École des beaux-arts de Paris, il débute dans la bande dessinée en 1972 en travaillant pour le magazine Pilote, où il fait la connaissance de Pierre Christin, scénariste de la série de science-fictionValérian.

Cette rencontre sera déterminante. Ensemble, ils créent divers récits de politique-fiction, dont deux marqueront l'histoire de la bande dessinée : Les Phalanges de l'ordre noir (1978-1979), qui met en scène d'anciens combattants de la guerre civile espagnole reprenant les armes pour un combat douteux ; et Partie de chasse (1981-1983), fable prémonitoire sur la sénilité du communisme en Europe de l'Est, moins de dix ans avant son implosion réelle. Ces deux œuvres ont été réunies en 2006 dans un volume intitulé Fins de siècle. Inspiré par le Mur de Berlin, le dessinateur réalise aussi le portfolio Die Mauer (1982).

Enki Bilal est par ailleurs son propre scénariste pour La Foire aux immortels (1980), récit fantastique dans lequel les dieux de la mythologie égyptienne font irruption dans le Paris du xxie siècle. Cette bande dessinée connaît deux prolongements, La Femme piège (1986) et Froid Équateur (1992), qui viendront former a posteriori – en 1995 – La Trilogie Nikopol (ville d’Ukraine qui a inspiré à Bilal le nom du personnage commun aux trois récits).

Désireux de ne pas se limiter à la bande dessinée, Bilal diversifie ses activités. Il dessine de nombreuses couvertures de livres (romans de Jules Verne et de H. G. Wells, série Les Aventures de Boro reporter photographe par Dan Franck et Jean Vautrin), des affiches de films (comme Mon Oncle d'Amérique d'Alain Resnais, en 1980, ou Le pays où rêvent les fourmis vertes de Werner Herzog, en 1984). Il travaille à des décors de films (La vie est un roman d'Alain Resnais, en 1983, ou Le Nom de la rose de Jean-Jacques Annaud, en 1986) et réalise trois longs-métrages : Bunker Palace Hotel (1989), avec Jean-Louis Trintignant et Carole Bouquet ; Tykho Moon (1997), avec Richard Bohringer, Michel Piccoli et Julie Delpy ; Immortel (ad vitam) (2004), avec Linda Hardy, Thomas Kretschmann et Charlotte Rampling. Bilal crée également les décors et les costumes de l'opéra de Denis Levaillant O.P.A. mia, présenté à Avignon en 1990, ainsi que du ballet de Prokoviev Roméo et Juliette, mis en scène la même année par Angelin Preljocaj. Il publie aussi un recueil de ses peintures, Bleu Sang (1994).

Enki Bilal revient à la bande dessinée avec Le Sommeil du monstre (1998), qui semble préfigurer les attentats du 11 septembre 2001 (on y voit un avion percuter la tour Eiffel). Ce récit, inspiré par les guerres de Yougoslavie, et premier volet de La Tétralogie du monstre, s'est poursuivi avec 32 décembre (2003), Rendez-vous à Paris (2006) et Quatre ? (2007).

L’auteur dessine ensuite la trilogie Coup de sang, dont le thème est une catastrophe climatique et environnementale, qui place les[...]

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Enki Bilal - crédits : Ulf Andersen/  Getty Images

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Autres références

  • BANDE DESSINÉE

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    ...L’Association, d'autres auteurs livrent des œuvres graves : Fabrice Neaud raconte dans Journal (1996) sa vie marquée par la précarité et l’homophobie ; Enki Bilal revient au premier plan avec le récit d’anticipation Le Sommeil du monstre (1998), premier volet d’une tétralogie inspirée par les guerres...