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MORRICONE ENNIO (1928-2020)

Ennio Morricone - crédits : Roberto Serra/ Iguana Press/ Getty Images

Ennio Morricone

Le nom d'Ennio Morricone apparaît pour la première fois sur les écrans en 1961, au générique d'un film de Luciano Salce, Il Federale. Deux ans plus tard, Morricone est déjà célèbre. Il n'a pourtant écrit que trois autres musiques de film : Prima dellarivoluzione de Bernardo Bertolucci (1962), Des oiseaux petits et grands de Pier Paolo Pasolini (1964) et, surtout, Pour une poignée de dollars de Sergio Leone (1964), qui va lancer la mode des westerns « spaghetti ». Ses thèmes sont si puissants qu'ils forcent l'attention et les partitions se révèlent assez solides pour devenir autonomes. Éclectique et singulier, Morricone utilise dans ces trois films trois styles résolument différents, définissant, autour des trois pôles expérimentation-classicisme-populisme, les frontières de son univers. Tout au long de sa carrière, il utilisera un double système : tonalité pour les films commerciaux, atonalité ou improvisation pour les tentatives cinématographiques plus audacieuses.

Ennio Morricone naît à Rome le 10 novembre 1928. Les professeurs de l'académie Santa Cecilia peuvent se féliciter d'avoir formé quelques-uns des meilleurs compositeurs du cinéma italien. Morricone y obtient des prix de composition, d'instrumentation et de direction de chœur. Armando Trovajoli – à qui l'on doit les musiques des films Les Monstres (Dino Risi, 1963), Nous nous sommes tant aimés (Ettore Scola, 1974), Une journée particulière (Scola, 1977) – et Nino Rota, qui sut créer pour Federico Fellini d'admirables mélodies, en sont également sortis couverts de médailles et de diplômes. Son goût de la rigueur allié à un certain esprit avant-gardiste pousse Morricone vers la musique sérielle.

Ses premières œuvres ne sont pas destinées au cinéma : il compose un trio pour cordes et piano (1954), des variations pour violoncelle, piano et hautbois (1956), des concertos et des quatuors... Ces pièces témoignent déjà de l'existence d'une esthétique qui lui est propre, d'un monde musical « privé » même s'il demeure encore soumis à des influences. Le compositeur Mario Nascimbene (1913-2002) – dont on retiendra les audaces électroniques dans le Barabbas de Richard Fleischer (1961) ou l'étrange thème de La Comtesse aux pieds nus de Joseph Mankiewicz (1954) – lui confie les arrangements de ses musiques et la direction d'orchestre. Ainsi commence l'apprentissage cinématographique du jeune musicien. « Quand je suis sorti du conservatoire, déclare-t-il, je ne pensais absolument pas à la musique de film. Mais je me suis fait un nom et on m'a proposé de travailler pour le cinéma. Franchement, j'ignorais, quand j'ai accepté, combien de temps je resterais dans ce milieu, ni même si je m'y plairais. Il m'est difficile d'affirmer que ma carrière a été le résultat d'un libre choix ou si les circonstances me l'ont imposée. Amour ou contrainte, on ne peut jamais vraiment savoir. »

Le succès populaire vient avec les films de Sergio Leone : Pour une poignée de dollars, Pour quelques dollars de plus (1965), Le Bon, la brute et le truand (1966), et, surtout, Il était une fois dans l'Ouest (1969), aux inoubliables accents. Morricone invente un son, une orchestration, des lignes mélodiques originales. Il détourne les instruments de leur fonction, les mixe d'une manière inhabituelle, les gadgétise ou les oblige à se pasticher eux-mêmes. Pour écrire la musique de ces westerns italiens, Morricone déclare avoir bénéficié de cinq années de réflexion. Par la suite, le rythme de ses productions ne fera que s'accélérer. Des centaines de partitions sont composées pour le cinéma à raison d'une moyenne de quinze films par an, sans compter les œuvres pour concert ! Il s'agit d'un travail colossal où le meilleur côtoie parfois le pire, la découverte, le plagiat : « La popularité[...]

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Ennio Morricone - crédits : Roberto Serra/ Iguana Press/ Getty Images

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Autres références

  • IL ÉTAIT UNE FOIS DANS L'OUEST, film de Sergio Leone

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    Depuis Pour une poignée de dollars (Per un pugno di dollari, 1964), signé du pseudonyme Bob Robertson, le réalisateur italien était déjà célèbre dans le monde entier pour ses westerns dits « spaghettis » violents, cyniques et stylisés, dont le héros, taciturne et marmoréen, était toujours ...