Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

BERLINGUER ENRICO (1922-1984)

L'extraordinaire hommage rendu par la population et la classe politique italienne à Enrico Berlinguer au moment de sa mort, le 11 juin 1984 à Padoue, témoigne de l'importance et de la singularité de la place occupée par le secrétaire général du Parti communiste dans la vie politique et culturelle de son pays. Une large part de l'émotion et du respect unanimement exprimés est due au prestige personnel d'un homme en apparence peu fait pour gagner les suffrages des foules. Taciturne et réservé, d'une grande rigueur morale et intellectuelle, ce « janséniste » sarde apparaît comme l'antithèse du politicien italien. Mais ce contraste explique sans doute une partie de sa popularité. Lui-même sait concilier les contraires : fils de grands bourgeois et orateur peu brillant, il trouve les mots justes pour parler à la classe ouvrière. Apôtre de la rigueur, il est le théoricien du compromis. Traditionaliste, il introduit le changement.

Une ascension rapide

Né à Sassari le 25 mai 1922 dans une famille d'intellectuels imprégnée de culture « risorgimentale » et socialiste, il entre en contact très jeune avec le mouvement antifasciste. Inscrit en 1944 au Parti communiste italien (P.C.I.), il y fait une carrière rapide. Secrétaire général de la Fédération de la jeunesse communiste de 1949 à 1956 et président de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique de 1950 à 1953, il est appelé par Togliatti, secrétaire général du P.C.I., au sein du groupe dirigeant en 1956. D'abord directeur de l'école des cadres – poste important au moment ou le parti subit le grand choc de la déstalinisation –, puis vice-secrétaire régional en Sardaigne, il est nommé en 1958 à la tête de la section d'organisation. Centre de pouvoir important, cette charge lui permet aussi de poursuivre l'œuvre de Togliatti et de faire du P.C.I. un grand parti de masse, à l'abri des tentations sectaires et ouvriéristes, bien intégré à la société et donc capable de s'adapter aux mutations socio-économiques. Choisi comme vice-secrétaire lorsqu'une grave maladie frappe le chef du parti, Luigi Longo, en 1969, il lui succède naturellement à sa mort en 1972. Il doit son accession au pouvoir, non seulement à ses qualités intellectuelles et à son appartenance à la troisième génération communiste, celle qui n'a pas connu les drames de l'époque stalinienne, mais aussi à sa position médiane dans le parti. Entre la gauche et la droite, il paraît mieux à même de promouvoir d'indispensables changements sans provoquer de lacérations trop brutales. Joue également en sa faveur sa grande expérience de deux domaines essentiels : celui des rouages internes du parti au niveau national comme au niveau régional et celui des relations extérieures – qu'il suit de près à la Commission des Affaires étrangères de la Chambre où il s'est inscrit depuis son élection comme député en 1968.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Autres références

  • ITALIE - La vie politique depuis 1945

    • Écrit par , et
    • 31 410 mots
    • 12 médias
    ...tremblement de terre ». Les communistes y voient un espoir de réaliser leur stratégie de « compromis historique » lancée par leur secrétaire général, Enrico Berlinguer, en octobre 1973. Les événements du Chili et le réveil violent ou légal de l'extrême droite en Italie ont en effet confirmé la prédilection...
  • PCI (Parti communiste italien)

    • Écrit par
    • 1 322 mots
    • 1 média

    Celui qui devint « le plus puissant parti communiste du monde non communiste » avait été fondé au congrès de Livourne en 1921. Le Parti communiste italien (P.C.I.) ne regroupe d'abord que la minorité ultragauche du Parti socialiste dirigé par Amadeo Bordiga et le groupe qui, autour d'Antonio...