BERLINGUER ENRICO (1922-1984)
Figure exemplaire de la gauche mondiale ?
Berlinguer reste pourtant une figure exemplaire non seulement pour la classe politique italienne mais pour la gauche mondiale. Il le doit en partie à son charisme personnel et à la forte tension morale qui animait son action, mais aussi à l'importance de celle-ci dans trois domaines essentiels. Dans le domaine national, son combat sans réserve contre le terrorisme en a fait le plus sûr garant de la démocratie. Dans le domaine idéologique, il a considérablement élargi les bases théoriques et pratiques du communisme italien. Avec lui, le rapport démocratie/socialisme n'est plus un moyen d'accès au pouvoir mais une fin. Ce n'est plus seulement une voie nationale inéluctable dans un pays d'Europe occidentale, mais une « conception nouvelle du processus révolutionnaire ». D'où une prise de distance toujours plus marquée à l'égard de l'U.R.S.S., au nom de l'autonomie de chaque parti, mais surtout, ce qui est nouveau, au nom d'un jugement négatif sur le socialisme réel (phrase prononcée à la télévision, le 15 décembre 1981, à propos des événements de Pologne sur l'épuisement de la capacité propulsive de la révolution d'Octobre). Mais, pour Berlinguer, l'avenir d'un communisme laïcisé et modernisé ne se joue pas dans un seul pays. La scène internationale constitue le troisième domaine privilégié de son action. Une action construite sur trois grands axes : l'entente avec les social-démocraties dans le cadre d'une Europe intégrée, et avec les partis progressistes du Tiers Monde grâce à un dialogue Nord-Sud renforcé, enfin la relance de la détente Est-Ouest par la reprise des négociations et l'organisation d'un vaste mouvement pour la paix. Dès lors, on peut se demander en quoi consiste la « spécificité », si souvent revendiquée, du communisme de Berlinguer par rapport au socialisme d'un Willy Brandt, si ce n'est dans la différence de deux traditions, historique et culturelle.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Geneviève BIBES : docteur en science politique
Classification
Autres références
-
ITALIE - La vie politique depuis 1945
- Écrit par Geneviève BIBES , Encyclopædia Universalis et Marc LAZAR
- 31 410 mots
- 12 médias
...tremblement de terre ». Les communistes y voient un espoir de réaliser leur stratégie de « compromis historique » lancée par leur secrétaire général, Enrico Berlinguer, en octobre 1973. Les événements du Chili et le réveil violent ou légal de l'extrême droite en Italie ont en effet confirmé la prédilection... -
PCI (Parti communiste italien)
- Écrit par Paul-Jean FRANCESCHINI
- 1 322 mots
- 1 média
Celui qui devint « le plus puissant parti communiste du monde non communiste » avait été fondé au congrès de Livourne en 1921. Le Parti communiste italien (P.C.I.) ne regroupe d'abord que la minorité ultragauche du Parti socialiste dirigé par Amadeo Bordiga et le groupe qui, autour d'Antonio...