DANDOLO ENRICO (1108 env.-1205)
Issu d'une famille restée assez obscure jusqu'au xie siècle, Enrico Dandolo n'apparaît dans l'histoire vénitienne qu'en 1155 : il est alors giudice et semble fait pour les seconds rôles. La crise orientale qui éclate en 1171 lui donne l'occasion de servir sa patrie : la perte de tant de richesses, les atteintes portées à la vie et aux activités des marchands vénitiens en Romanie par Manuel Comnène exigent des mesures à la fois militaires et diplomatiques. Au printemps de 1172, Dandolo est envoyé à Constantinople, en compagnie de Filippo Greco : l'empereur byzantin demeure intraitable, sans aller, cependant, jusqu'à faire aveugler le Vénitien, comme on l'a cru pendant longtemps. En 1184, une seconde ambassade de Dandolo à Constantinople a pour objet de régler avec l'empereur Andronic certaines questions pendantes et d'exercer, au nom de la commune, des fonctions d'arbitrage dans les procès opposant des Vénitiens établis en Romanie. Enrico Dandolo devient ainsi un spécialiste des problèmes orientaux et songe aux moyens propres à rétablir dans l'Empire byzantin la primauté commerciale de ses compatriotes, très diminuée depuis 1171. Il exerce désormais une action déterminante sur la politique de Venise : en 1192, il se trouve porté au dogat. Tout de suite, il règle le problème adriatique, en chassant les Pisans de Pola et en écartant les Hongrois de Zara. Par le chrysobulle de 1198, le vieux doge obtient la restauration des privilèges et de nouvelles places commerciales. Toutefois, la situation reste précaire pour les intérêts vénitiens en Romanie, où Génois et Pisans sont favorisés par les basileis. La quatrième Croisade amène à Venise une foule de barons désireux d'obtenir une flotte que le doge octroie volontiers pour 85 000 marcs d'argent. Faute de réunir cette somme, les croisés doivent servir les intérêts vénitiens, d'abord en reprenant Zara révoltée, ensuite en acceptant de soutenir la cause du jeune Alexis IV Ange contre son oncle Alexis III, hostile à Venise. Croisés et Vénitiens rétablissent le prince, rapidement chassé par un soulèvement patriotique des Grecs. Force est donc de s'emparer de Constantinople : la chute de la ville le 12 avril 1204 permet d'organiser le condominium franco-vénitien souhaité par Dandolo qui jouit alors d'une vénération extraordinaire : il fait désigner Baudouin de Flandre comme empereur d'Orient. Surtout, le doge veille à conserver à sa patrie les îles et les côtes de Romanie, de Corfou aux Détroits, y compris la Crète, nœud du nouvel empire vénitien (août 1204). Toujours ardent malgré ses quatre-vingt-dix-sept ans, il « gère le quart et demi de la Romanie », arbitre entre les barons et combat les Bulgares pour défendre la Thrace. Mais il succombe au retour de cette campagne.
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Écrit par
- Freddy THIRIET : professeur à l'université de Strasbourg
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Autres références
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ÉCHANGES COMMERCIAUX ENTRE L'OCCIDENT ET BYZANCE - (repères chronologiques)
- Écrit par Pascal BURESI
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992 En échange du prêt de sa flotte pour transporter des troupes byzantines vers l'Italie, Venise reçoit, par un chrysobulle, un privilège : Basile II abaisse à 2 sous d'or les droits de passage payés par les Vénitiens à la douane d'Abydos.
1054 Schisme de Michel Cérulaire...
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VENISE
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Anna PALLUCCHINI , Michel ROUX et Freddy THIRIET
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...nouvelles familles (case) : Ziani, Dandolo, Tiepolo. Le doge prête serment d'observer les articles de sa promissio, fixés dès l'élection d' Enrico Dandolo (juin 1192). De multiples magistratures ou officia sont mises en place pour assurer une gestion efficace et minutieuse de l'État que tous...