GUAZZONI ENRICO (1876-1949)
Le cinéaste Enrico Guazzoni est né à Rome en 1876. Il étudie la peinture aux Beaux-Arts avant de commencer à travailler en 1907 comme conseiller artistique de la principale société de production romaine, la Cines. Dès cette année-là, il réalise son premier film, Une invitation à déjeuner. Après avoir essayé de créer sa propre maison de production et tenté de collaborer avec les sociétés turinoises en plein développement, Guazzoni est engagé définitivement par la Cines en 1909. Il tourne La Nouvelle Maman et, l'année suivante, quatre films historiques, dont Agrippine, où il fait tout de suite preuve d'une grande habileté dans l'usage du panoramique et du hors-champ ainsi que dans l'utilisation de nombreux figurants. Dès lors, Guazzoni se spécialise dans les grandes reconstitutions historiques.
Après Saint François en 1911, où la figure du moine franciscain est interprétée avec beaucoup de spiritualité par Emilio Ghione, il réalise en 1913 son film le plus célèbre, Quo vadis ?, d'après le roman de Sienkiewicz. Superproduction mettant en scène le règne sanglant de Néron, avec l'incendie de Rome et la persécution des chrétiens, le film jette les bases d'un genre qui vaudra à la cinématographie italienne une grande réputation internationale. Avant Cabiria, de Pastrone, 1914, Quo vadis ? marque l'affirmation d'un courant dans lequel convergent le sens du spectacle, l'intelligence du récit et l'affirmation d'une idéologie exaltant le passé de l'Italie. Le film enthousiasme les spectateurs romains mais aussi parisiens, berlinois, londoniens ou new-yorkais. Pendant les années 1910, Guazzoni est une des figures dominantes du cinéma italien : il tourne La Jérusalem délivrée (1911), d'après le poème épique du Tasse, Marc-Antoine et Cléopâtre (1913), Jules César (1914), Madame Tallien (1916), Fabiola (1917), La Jérusalem délivrée (deuxième version, 1918). Tous ces films témoignent d'une maîtrise exceptionnelle dans le choix des sujets, la direction des acteurs (Amleto Novelli ou Gianna Terribili Gonzales), le maniement des foules, la composition de l'image (le metteur en scène se sert admirablement aussi bien du clair-obscur que de l'opposition tranchée entre le blanc et le noir). Par ailleurs, la dimension spectaculaire des films est mise au service de situations fortes, la prise de Jérusalem par les croisés, le triomphe et la mort de César, l'épopée napoléonienne, la christianisation de Rome et le martyre des premiers chrétiens.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale – alors que les productions américaines arrivent en masse en Italie –, Guazzoni est incapable de se renouveler. Après la constitution en 1919 de l'Union cinématographique italienne – consortium de producteurs cherchant à résister à la concurrence d'Hollywood – et la création de la Guazzoni Film, le metteur en scène tourne encore Le Sac de Rome en 1920 et surtout Messaline en 1923. Mais la formule s'épuise et le genre évolue vers le maniérisme. Pourtant, à l'inverse d'autres cinéastes, Guazzoni reste en Italie malgré la crise qui s'abat sur la production transalpine. S'il tourne rarement pendant les années 1920, il reprend une activité régulière à partir de 1932, réalisant encore une quinzaine de films jusqu'en 1942. Il continue avec des moyens plus modestes à mettre en scène des films en costumes non dénués d'intérêt, films historiques qui n'empruntent plus leur intrigue à l'Antiquité, comme Re burlone (1935), Les Deux Sergents (1936), Antonio Meucci (1940), La Fornarina (1942), ou des films d'aventures maritimes inspirés des romans d'Emilio Salgari, comme La Fille du corsaire vert (1941) ou Les Pirates de la Malaisie (1941).
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Écrit par
- Jean A. GILI : professeur émérite, université professeur émérite, université Paris I-Panthéon Sorbonne
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ITALIE - Le cinéma
- Écrit par Jean A. GILI
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...montreront de manière malicieuse les frères Taviani dans Good Morning Babilonia (1987). Le public peut ainsi découvrir des films comme Quo vadis ?, d'Enrico Guazzoni, produit par la Cines en 1913 ; Gli ultimi giorni di Pompei, d'Eleuterio Rodolfi, produit par l'Ambrosio en 1913 ; ...