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MALATESTA ENRICO (1853-1932)

Né dans la région napolitaine, d'une famille paysanne, Malatesta est arrêté dès l'âge de treize ans pour insultes au roi. Il suit des études de médecine, qu'il abandonne après son adhésion, en 1871, à la Ire Internationale. Il y rejoint la tendance bakouninienne et participe, en 1872, au congrès constitutif du mouvement anarchiste de Saint-Imier. Au congrès de Berne, en 1876, il s'écarte des bakouninistes et de leur « collectivisme » : il prône avec Kropotkine un « communisme libertaire », dans lequel non seulement les moyens de production seront collectivisés, mais aussi les objets de consommation seront distribués gratuitement suivant la formule « À chacun selon ses besoins ». À ce même congrès, il insiste sur la nécessité de la « propagande par le fait », qu'il juge bien supérieure à la propagande des journaux ou des meetings. D'ailleurs, il passe aux actes l'année suivante : avec quelques compagnons, il distribue des armes à la population de la province de Bénévent et brûle les archives publiques. L'aventure se termine assez piteusement, et tout le groupe est arrêté ; Malatesta sera acquitté. Cependant, l'événement a un retentissement considérable dans les milieux anarchistes.

Après un voyage agité au Moyen-Orient, de 1878 à 1880, Malatesta crée à Genève avec Kropotkine le journal Le Révolté ; expulsé de Suisse, il s'installe à Londres, où il vit de petits métiers. Il tente de relancer l'Internationale anarchiste lors du congrès de 1881, mais échoue devant la répugnance des anarchistes français à l'organisation. De nouveau arrêté en Italie, en 1884, où il vient de lancer deux journaux de tendance antipatriotique et antiparlementaire : La Questione sociale et L'Anarchia, il s'enfuit en Amérique latine. Tout à la fois militant syndical à Buenos Aires et chercheur d'or en Patagonie, il rentre en Europe après maintes aventures. Il rompt alors avec Kropotkine, qu'il juge trop « spontanéiste », trop individualiste ; pour lui, l'organisation prime avant tout : c'est à cette époque qu'il envisage d'ailleurs la réunion des socialistes et des anarchistes italiens au sein d'une organisation unique (congrès de Capolago, 1891). Après un séjour aux États-Unis puis à Cuba, Malatesta rentre à Londres en 1900 ; il y publie plusieurs journaux, dont L'Internationale et La Grève générale.

En 1907, il polémique avec le jeune Monatte lors du congrès anarchiste international. Il rejette la conception des syndicalistes révolutionnaires français pour qui le syndicalisme est le seul moyen pour aboutir à la révolution sociale. Il maintient la priorité du combat politique anarchiste. Ce n'est qu'en 1913 que Malatesta revient en Italie ; il rencontre Mussolini, alors directeur du quotidien socialiste Avanti, et confie à ses amis qu'il est très déçu. À Ancône, il publie le journal Volontà, et est l'artisan de la « Semaine rouge » en juin 1914 : le peuple se rend maître de la ville, tandis que le pays est paralysé par la grève générale. Après l'intervention de l'armée, Malatesta doit s'enfuir en Angleterre. À l'inverse de Kropotkine, dont l'attitude l'indigne, il reste fidèle à l'internationalisme prolétarien pendant la Première Guerre mondiale : il répond au Manifeste des Seize, que signe Kropotkine, par un pamphlet où il qualifie les Seize d'« anarchistes de gouvernement ».

En 1919, il rentre triomphalement en Italie et y fait paraître l'Humanité nouvelle ; il anime par ailleurs l'Union syndicale italienne, centrale ouvrière anarcho-syndicaliste. Face à la montée du péril fasciste, il s'efforce de regrouper la gauche italienne dans l'Alliance du travail. Après la Marche sur Rome, il maintient une revue intitulée Pensée[...]

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    ...s'intéresser qu'à la liberté sexuelle, qu'un de ses chefs, Émile Armand, conçoit sous la forme de « pluralité amoureuse », l'anarchisme communiste, animé par Élisée Reclus, Jean Grave, Émile Pouget, Sébastien Faure et Enrico Malatesta, finit par représenter l'anarchisme authentique.