- 1. De l'apprentissage à l'enseignement de l'art
- 2. L'héritage doctrinal
- 3. L'enseignement des « beaux-arts »
- 4. La formation des « refusés » : un autre style de vie
- 5. L'enseignement de l'art : la réflexion théorique
- 6. Les établissements publics nationaux : deux exemples
- 7. Les écoles d'art en France
- 8. L'enseignement de l'art à l'université
- 9. L'éducation artistique
- 10. L'enseignement de l'art à l'étranger
- 11. Bibliographie
ENSEIGNEMENT DE L'ART
L'enseignement de l'art : la réflexion théorique
La dichotomie des systèmes de production de l'artiste se maintient pendant une grande partie du xxe siècle avec, d'un côté, les écoles d'art qui enseignent toujours le dessin d'après l'antique, la gravure, la sculpture et une peinture de type « post-bonnardien » ; de l'autre côté, un ensemble d'agents (directeurs de galeries, critiques, éditeurs, etc.) intéressés à la production de valeurs artistiques et marchandes.
Les événements de mai 1968 vont bousculer cet équilibre. Dès le début de la révolte estudiantine, l'École des beaux-arts de Paris est occupée par les élèves grévistes et par un certain nombre d'artistes. La réflexion critique menée par les représentants de la Nouvelle Figuration au sein du Salon de la jeune peinture est en grande partie responsable de cette contestation. Entre 1964 et 1968, ce groupe d'artistes s'était donné pour objectif de « liquider » les raffinements esthétiques de l'École de Paris. Il s'imposait par exemple des consignes apparemment absurdes (comme peindre un tableau de deux mètres sur deux, avec l'obligation de n'utiliser que le vert pour traiter les thèmes de son choix), ou extérieures au champ pictural (soutien aux peuples en lutte). Les événements de mai allaient donner à ces militants l'occasion de démocratiser l'art. Ils inaugurent en effet, avec les élèves de l'École, un « atelier populaire » qui doit illustrer par l'image les conflits ouvriers et étudiants, en privilégiant le sens sur la forme. Ils cherchent à détourner les moyens spécifiques des artistes, considérés comme habituellement liés à la classe dominante, pour les mettre au service de la classe ouvrière en grève. Ils refusent toute critique d'ordre esthétique car, pour eux, les débats doivent porter sur « la justesse et la lisibilité du contenu idéologique » et non sur l'apparence. Cette vision utopique de la fonction de l'art et des artistes dans la société ne s'est pas concrétisée, car elle supposait des modifications dans les rapports de classes qui ne se sont pas produites après les événements de mai 1968. Cependant, elle a suffisamment ébranlé les institutions qui avaient le monopole de l'enseignement de l'art pour que certaines de ses prescriptions se soient traduites dans les faits. Des schèmes apparus à cette époque ont été repris par les réformateurs du champ de l'éducation artistique. Le formalisme esthétique de l'art indépendant a été condamné au même titre que l'académisme parce qu'il induisait un enseignement de la mesure, de l'harmonie, de l'équilibre des contrastes, et confortait le mythe de l'« intégration » de l'art à une société industrialisée – thèse soutenue, dans la même période, par le peintre Vasarely – qui faisait de l'artiste la « soupape de sécurité » de la classe dirigeante.
L'École des beaux-arts de Paris a conservé son prestige mais elle a dû s'adapter au monde contemporain ; les écoles d'art régionales se sont transformées grâce à la réforme de 1972 et l'Université a ouvert ses portes aux plasticiens. Le champ de l'enseignement de l'art s'organise désormais autour de ces pôles de formation.
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Écrit par
- Annie VERGER : docteur en sociologie
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