Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ENSEIGNEMENT DE L'ART

Les établissements publics nationaux : deux exemples

Il existe actuellement en France cinq établissements qui se distinguent des autres lieux de formation artistique parce qu'ils organisent un cursus d'études de manière autonome et qu'ils délivrent des diplômes spécifiques. Ils sont tous placés sous la tutelle de la Délégation aux arts plastiques mais leurs statuts juridiques et financiers peuvent néanmoins différer. Trois ont obtenu en 1984 le statut d'établissement public national : il s'agit de l'École nationale supérieure des beaux-arts (E.N.S.B.A.), de l'École nationale supérieure des arts décoratifs (E.N.S.A.D.), de l'École nationale supérieure de création industrielle (E.N.S.C.I.), fondée en 1984 et placée sous la tutelle conjointe des ministres chargés de la Culture et de l'Industrie. Les deux autres ont été associés à ce premier groupe parce qu'ils présentent les mêmes caractéristiques (autonomie et spécificité) : l'École nationale de la photographie (École d'Arles), ouverte en 1982, et le Studio national des arts contemporains (École du Fresnoy), qui a recruté ses premiers étudiants en 1997.

Deux exemples ont été choisis pour illustrer l'évolution de l'enseignement de l'art en France au tournant du xxie siècle : l'E.N.S.B.A, symbolisant à la fois l'héritage d'une tradition académique et la mutation en matière de transmission des savoirs ; Le Fresnoy, qui se présente comme une école d'art d'un type nouveau basé sur l'interdisciplinarité et la production « d'œuvres d'art émancipées des classifications traditionnelles ».

L'école nationale supérieure des beaux-arts (E.N.S.B.A)

L'ordonnance du 4 août 1819 approuvant le Règlement de l'École royale et spéciale des beaux-arts fait suite à l'arrêt du 27 janvier 1648 du Conseil d'État du Roi octroyant aux futurs académiciens l'indépendance face à la Maîtrise. Les premiers statuts concernant l'enseignement du dessin d'après un modèle sont rédigés en février de la même année. Cependant, la réforme qui marque durablement l'établissement date du décret du 13 novembre 1863 parce qu'elle transforme en profondeur les structures administratives et pédagogiques. La désignation d'un directeur par l'État remplace l'élection annuelle du président par l'assemblée des professeurs ; le personnel est désormais nommé par le ministre ; un conseil supérieur d'enseignement est institué ; les exercices journaliers portant sur l'étude de la figure humaine d'après l'antique ou le modèle vivant sont désormais répartis entre 11 ateliers dirigés par des artistes, professeurs-chefs d'ateliers – 3 en peinture, 3 en sculpture, 3 en architecture, 1 en gravure en taille douce, 1 en gravure en médaille et sur pierres fines. Des cours d'histoire de l'art, d'esthétique, d'archéologie, d'anatomie, de perspective, de mathématiques élémentaires, de géométrie descriptive, de géologie, de physique et de chimie sont également dispensés par le personnel de l'École. Le décret du 30 septembre 1883 introduit quelques modifications à propos du recrutement des professeurs et de la composition des jurys mais, dans l'ensemble, ce modèle d'organisation des études et d'enseignement de l'art demeure sensiblement le même jusqu'au milieu du xxe siècle.

Les changements notables commencent à apparaître après la Seconde Guerre mondiale. Le directeur de l'école, le peintre Nicolas Untersteller, crée en 1950 un concours d'art monumental pour intégrer plus étroitement la peinture et la sculpture à l'architecture. On peut considérer cette initiative comme le premier essai de transversalité entre les différents ateliers. À partir de 1954 (décret du 19 octobre),[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Autres références

  • ACADÉMIE DE FRANCE À ROME

    • Écrit par
    • 3 052 mots
    • 2 médias

    Suscitée par Colbert et par Charles Le Brun, « premier peintre » de Louis XIV, la fondation de l'Académie de France à Rome (1666) découlait d'idées simples et fortes mais qui n'ont plus cours aujourd'hui. Pour les hommes du xviie siècle, les vestiges de l'Antiquité, les...

  • ACADÉMISME

    • Écrit par
    • 3 543 mots
    • 2 médias

    Le terme « académisme » se rapporte aux attitudes et principes enseignés dans des écoles d'art dûment organisées, habituellement appelées académies de peinture, ainsi qu'aux œuvres d'art et jugements critiques, produits conformément à ces principes par des académiciens, c'est-à-dire...

  • ATELIER, art

    • Écrit par
    • 5 946 mots
    • 9 médias
    ...l'apprentissage payant, le travail collectif et de plus en plus spécialisé ; d'autre part, l'Académie ouverte depuis 1655 aux graveurs, maîtres du dessin : on y enseigne le dessin, l'anatomie, on y obtient les prix et les pensions. Certes rien de plus différent que l'atmosphère d'atelier chez Le Bas et chez...
  • CONSTRUCTIVISME

    • Écrit par
    • 3 373 mots
    • 2 médias
    ...Vhutemas de Moscou où enseignaient Kandinsky, Vesnine, Pevsner et Malevitch. L'introduction des méthodes psychotechniques marque une nouvelle époque dans l' enseignement de l'art. Suivant les principes scientifiques du constructivisme, on étudie les sensations esthétiques et les qualités psychologiques...
  • Afficher les 16 références