- 1. De l'apprentissage à l'enseignement de l'art
- 2. L'héritage doctrinal
- 3. L'enseignement des « beaux-arts »
- 4. La formation des « refusés » : un autre style de vie
- 5. L'enseignement de l'art : la réflexion théorique
- 6. Les établissements publics nationaux : deux exemples
- 7. Les écoles d'art en France
- 8. L'enseignement de l'art à l'université
- 9. L'éducation artistique
- 10. L'enseignement de l'art à l'étranger
- 11. Bibliographie
ENSEIGNEMENT DE L'ART
Les écoles d'art en France
Depuis les années 1970, les écoles d'art ont fait l'objet de réformes administratives et pédagogiques ; elles ont été également soumises aux fluctuations des courants esthétiques les plus divers. Jusqu'en 1968, elles se contentaient de transmettre des savoirs hérités, directement liés aux origines des établissements. Certaines écoles ont été fondées sous l'Ancien Régime (Nancy, Tours, Dijon, Marseille, etc.). D'autres ont été créées ou transformées dans la deuxième moitié du xixe siècle ; elles ont obtenu le statut d'écoles nationales (Bourges, Limoges, Nice en 1881, Aubusson en 1884). Le rôle de certains Grands Prix de Rome devenus directeurs ou professeurs a certainement joué dans le maintien de pratiques reposant toujours sur les catégories fondamentales des beaux-arts – dessin, peinture, sculpture et gravure. Ces cours servaient, la plupart du temps, aux apprentis (couturières, coiffeurs ou autres), venus dans ces lieux compléter une formation indispensable à leur profession, et à une partie de la jeunesse bourgeoise, soucieuse d'acquérir les rudiments d'une occupation inutile et noble, d'un art de salon.
Les raisons qui ont conduit les administrateurs à transformer les écoles d'art sont multiples. En premier lieu, la réforme du système éducatif, à partir de 1959, prolongeant la scolarité obligatoire jusqu'à seize ans, a privé les écoles d'art de la tranche d'âge directement concernée par l'apprentissage (orientée après le certificat d'études), mais a ouvert les portes à une clientèle d'un niveau scolaire plus élevé (B.E.P.C. puis brevet des collèges et au-delà). En second lieu, la contestation et les débats déclenchés par les événements de mai 1968 ont brutalement rendu caducs les schémas traditionnels de l'enseignement de l'art. L'introduction de catégories méthodologiques empruntées à d'autres disciplines intellectuelles comme la sémiologie, la psychanalyse, la sociologie, etc., dans le domaine des arts plastiques, en a modifié les principes. En 1966, la grande exposition du Musée national d'art moderne consacrée au Bauhaus accordait une reconnaissance tardive mais légitime aux théories et aux pratiques de cette institution. La traduction des textes des grands théoriciens et pédagogues du Bauhaus, Itten, Kandinsky, Klee et Albers, devait en faciliter la diffusion dans les centres de formation artistique. Cependant, la volonté d'offrir de nouveaux cadres à la pédagogie – en définissant l'art comme un langage (malgré les réserves exprimées par les linguistes) et l'enseignement comme un exercice syntaxique – s'est heurtée à d'autres écoles qui niaient l'apprentissage pour faire de l'art un événement (Fluxus), ou qui dénonçaient l'idéalisme pour lui substituer l'analyse des moyens de production (Peinture, Cahiers théoriques, groupe Support-Surface), sans oublier l'héritage de Marcel Duchamp.
C'est donc dans un contexte de confrontations idéologiques et esthétiques que la réforme des écoles d'art a été inaugurée (décret du 9 novembre 1973 portant organisation de l'enseignement des arts plastiques dans les écoles d'art nationales, régionales et municipales). Elle a été menée parallèlement au transfert dans les universités de la formation des professeurs d'arts plastiques jusque-là recrutés sur concours et qui allaient bénéficier désormais de la loi d'orientation. Mais elle ne devait pas concerner les écoles nationales supérieures de Paris.
Les réformes de l'enseignement dans les écoles d'art
Sans reprendre dans le détail l'évolution des structures pédagogiques qui ont fait l'objet de nombreux réajustements entre 1973 et 1998, on peut cependant rappeler l'axe principal de la réforme.[...]
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Écrit par
- Annie VERGER : docteur en sociologie
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