- 1. De l'apprentissage à l'enseignement de l'art
- 2. L'héritage doctrinal
- 3. L'enseignement des « beaux-arts »
- 4. La formation des « refusés » : un autre style de vie
- 5. L'enseignement de l'art : la réflexion théorique
- 6. Les établissements publics nationaux : deux exemples
- 7. Les écoles d'art en France
- 8. L'enseignement de l'art à l'université
- 9. L'éducation artistique
- 10. L'enseignement de l'art à l'étranger
- 11. Bibliographie
ENSEIGNEMENT DE L'ART
L'enseignement de l'art à l'université
L'entrée de l'enseignement de l'art à l'université, après 1968, n'est que la conclusion d'un long processus amorcé au xixe siècle. Elle résulte de la réflexion menée après la Révolution sur la fonction sociale de l'art : mis à la portée de tous, et notamment des classes qui n'y avaient pas accès jusque-là, l'art peut être le véritable ferment de l'éducation morale et civique. À travers l'apprentissage du dessin – devenu depuis peu l'« écriture de l'industrie » – il s'offre comme l'instrument du progrès scientifique et technologique. L'enseignement artistique s'impose donc progressivement aux responsables politiques comme une nécessité. Il faut attendre l'arrêté du 2 juillet 1878 pour que l'enseignement du dessin soit obligatoire dans les cycles primaire et secondaire. La formation des maîtres devient alors un enjeu. Dispensée dans une École normale d'instituteurs, elle apparaîtra à certains, efficace parce que pragmatique, « positive », et à d'autres, méprisable parce que didactique. Introduite à l'École des beaux-arts, elle sera jugée noble parce que désintéressée ou, au contraire, dangereuse parce que trop individualiste, trop « artiste ». Ces interprétations antinomiques se traduisent dans les textes et dans les diplômes. Le certificat d'aptitude à l'enseignement du dessin dans les écoles primaires supérieures et les écoles normales (1879) sanctionne plutôt des qualités normatives (dessin scientifique : croquis coté, perspective, ombres ; dessin d'après l'ornement ; rudiments d'anatomie, proportions du corps humain) alors que le certificat d'aptitude – degré supérieur – à l'enseignement du dessin dans les lycées et collèges (arrêté de 1909) fait appel à des qualités plastiques (figure et tête d'après nature, dessinées, peintes ou modelées ; étude d'après la plante, croquis, composition décorative ; à l'oral, histoire de l'art), sans que soient néanmoins oubliées la perspective et l'anatomie. Ces deux formations s'adressent à des publics différents : les élèves sortant de l'école après le certificat d'études doivent avoir assimilé les rudiments du dessin pour satisfaire aux exigences de l'industrie, mais ils ont en même temps été instruits par l'art ; les collégiens et les lycéens ont fait l'apprentissage du dessin, de la peinture ou de la sculpture, et ils ont formé leur jugement esthétique.
L'intégration des professeurs de dessin dans le corps central de l'éducation, dominé par les disciplines intellectuelles, a été longtemps freinée par l'absence de diplôme de l'enseignement général. En effet, les postulants se recrutaient en grande partie à l'École des beaux-arts et n'avaient pas le baccalauréat. En 1908, on pensait déjà à la création de chaires spéciales dans les universités. Mais, dédaignés par le camp de l'art et ignorés par celui des lettres, les défenseurs de l'enseignement artistique obligatoire pour tous devaient trouver refuge auprès de l'Éducation nationale, qui autorisait en octobre 1947 l'ouverture d'une section préparatoire au professorat de dessin au lycée Claude-Bernard à Paris. La création du diplôme de dessin et d'arts plastiques, en 1952, réservé aux élèves titulaires du baccalauréat a préfiguré le rapprochement avec l'Université. Les épreuves se présentaient sous la forme de quatre certificats (dessin, composition décorative, histoire de l'art, sciences annexes). Après leur diplôme, les lauréats pouvaient se présenter au C.A.P.E.S. pratique après un stage dans un centre pédagogique régional.
Ce sont les événements de mai 1968[...]
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Écrit par
- Annie VERGER : docteur en sociologie
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