SCIENCES ENSEIGNEMENT DES
L'orientation vers des études scientifiques, quel constat ?
Quels sont donc les faits, et comment les interpréter ? Considérons l'agrégat dit S&T (science et technologie) et intéressons-nous plus particulièrement, comme le font la plupart des enquêtes et rapports, à ce qui se passe à l'âge des choix – 15 ans et au-delà –, l'enseignement scientifique étant le même pour tous à l'école primaire et au collège (junior high school) dans la plupart des pays. Si l'on considère les pays développés – ceux de l'O.C.D.E. –, le nombre absolu d'étudiants en S&T n'a cessé de croître durant la période 1993-2003, à tous les niveaux d'études universitaires. A contrario, dans l'enseignement secondaire, les tendances sont différentes selon les pays. Mais si l'on considère le nombre relatif d'étudiants en S&T rapporté à la population étudiante totale, une décroissance nette s'observe dans presque tous ces pays depuis le milieu des années 1990 (fig. 1), affectant également la fin de l'enseignement secondaire. En France par exemple, entre 1985 et 2003, cette proportion a connu une baisse importante, passant de 44 p. 100 à 33 p. 100. Dans ces pays, les projections d'une démographie en baisse et la saturation attendue des accès à l'enseignement supérieur laissent donc présager une réduction du nombre absolu des diplômés en S&T issus des études supérieures, réduction inquiétante pour l'industrie comme pour la recherche. Des analyses plus fines montrent d'importantes différences selon les disciplines et parfois selon les pays : les étudiants en ingénierie, qui représentent environ la moitié de l'effectif, sont relativement stables ou en légère croissance, tandis que les effectifs des étudiants en mathématiques et en physique reculent fortement, parfois divisés par deux dans certains pays européens (Royaume-Uni, Allemagne). La féminisation progressive, et recherchée, de l'accès aux études supérieures se traduit par une relative constance à l'égard des sciences de la vie, dont on sait qu'elles attirent les jeunes filles. Enfin, l'informatique sous toutes ses formes rassemble un nombre sans cesse croissant d'étudiants, dont beaucoup auraient sans doute par le passé choisi des disciplines scientifiques plus traditionnelles.
Les États-Unis représentent un cas assez particulier par l'attractivité qu'exercent leurs grands centres scientifiques et technologiques sur les étudiants du monde entier : le caractère florissant de ces centres est largement dû à cet apport, et en 2006, le nombre de doctorats délivrés et postdoctorats embauchés en S&T concerne, pour plus de la moitié, des étudiants venus aux États-Unis pour leurs études supérieures. Ce chiffre traduit aussi la médiocrité moyenne de l'enseignement scientifique primaire et secondaire national, dénoncée depuis le début des années 1990 par la National Academy of Sciences, et justifie la préoccupation des pouvoirs publics (cf. rapport de la Nuffield Foundation).
Il n'existe pas d'analyses aussi systématiques qui soient faites dans les pays émergents ou en développement, mais l'appréciation de la valeur des carrières scientifiques y est certainement différente. L'enquête ROSE (Relevance of science education, université d'Oslo) est sur ce point révélatrice (fig. 2) : il existe une surprenante et forte anticorrélation entre la richesse nationale d'un pays et l'appétence pour la science que ressentent dans ce pays les jeunes de 15 ans.
Les facteurs de l'orientation
Quels sont les facteurs orientant le choix des jeunes ? Il faut ici se méfier des analyses trop sommaires, nombre de paramètres intervenant dans cette orientation. L'O.C.D.E. (rapport 2008) en fait ainsi apparaître cinq : l'image de la science et de[...]
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Écrit par
- Pierre LÉNA : professeur émérite de l'université Paris-VII-Denis-Diderot, membre de l'Académie des sciences
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