SCIENCES ENSEIGNEMENT DES
Filles et garçons
Ce thème est devenu l'un des classiques du sujet, puisque partout est fait le constat d'un très inégal accès des filles aux métiers de la science et de la technologie. Que l'on souhaite changer ceci par souci de justice et d'égalité, ou bien parce que se trouve là un important réservoir de main-d'œuvre scientifique potentielle, la question mérite d'être traitée au fond et nombreuses sont les études et programmes qui s'y attaquent. Elle peut d'ailleurs être étendue aux minorités, dont le nombre et la diversité s'accroissent au rythme des vastes mouvements de migrations qui marquent le monde contemporain.
Alors que toutes les études montrent un niveau scolaire moyen meilleur chez les filles que chez les garçons, le désintérêt des premières pour les sciences s'affirme dès l'école secondaire, souvent parce que celles-ci sont perçues comme dédiées aux objets, loin des rapports humains et des métiers qui les valorisent. La confiance qu'elles se font à elles-mêmes pour s'engager dans une voie scientifique est souvent inférieure à celle qui est rencontrée chez les garçons. Le rôle de la confiance en soi, contrebalançant l'émotion souvent inhibitrice, notamment en mathématiques, apparaît déterminant. Sans doute beaucoup d'efforts seront-ils nécessaires, entre autres de la part des professeurs, pour vaincre ces handicaps. Le fait que les métiers scientifiques ou techniques soient vus comme des métiers masculins, la féminisation à plus de 80 p. 100 du corps enseignant de l'école primaire – corps dont on a rappelé plus haut la réserve à l'égard des sciences – sont des facteurs qui ne permettent guère une identification des filles, si importante pourtant à l'adolescence et lors des premiers choix professionnels.
Les professeurs enseignant les sciences
Si l'on reconnaît l'importance des années d'école primaire dans le rapport qui s'installe, ou ne s'installe pas, entre les enfants et la science, force est de s'interroger sur le corps enseignant, pour que les enfants fassent de la science à l'école, et non pas l'apprennent – le cas échéant par cœur. L'action de « La main à la pâte », en France et dans le monde, a permis de constater une grande convergence des diagnostics, rejoints par celui de l'O.C.D.E. Les professeurs du primaire, le plus souvent polyvalents, craignent d'enseigner les sciences, et plus encore s'il leur est proposé de le faire selon une pédagogie active favorisant questionnement et hypothèse, expérimentation, travail en groupe. Volume d'enseignement minimal, choix de sujets de biologie souvent réduits à la description ou à la collection, manque de confiance face à l'expérimentation, préférence donnée au cours vertical plutôt qu'au questionnement et à l'échange sont des traits rencontrés un peu partout dans le monde.
Curieusement, alors que les enseignants du secondaire – au moins dans les pays développés – ont une formation scientifique longue et spécialisée, ils rencontrent souvent le même type de difficultés dès qu'ils doivent abandonner le mode de présentation traditionnel de leur discipline. D'autres facteurs jouent également : faute d'actions de développement professionnel (formation continue) volontaristes et à grande échelle, de très nombreux enseignants perdent progressivement contact avec la science vivante et privilégient des contenus trop stéréotypés. Leurs savoirs se rigidifient, et les efforts de mise à jour faits par des associations professionnelles, soutenues par le monde de la recherche, ne touchent qu'une petite minorité.
Dans certains pays, les enseignants sont confrontés à des matières qu'ils n'ont pas étudiées à l'université à l'égard desquelles ils se sentent peu à l'aise : un cas[...]
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Écrit par
- Pierre LÉNA : professeur émérite de l'université Paris-VII-Denis-Diderot, membre de l'Académie des sciences
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