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ENSEIGNEMENT TECHNOLOGIQUE ET PROFESSIONNEL EN FRANCE

Les réformes de la formation professionnelle (2009, 2011)

Deux réformes ont transformé l'organisation des lycées professionnels (L.P.) et des filières technologiques des lycées.

Jusqu'en 2009, les élèves qui entraient au lycée professionnel en sortant du collège préparaient d'abord un B.E.P. en deux ans, puis, s'ils étaient reçus, pouvaient préparer un baccalauréat professionnel en deux années supplémentaires. Il leur fallait donc quatre ans pour accéder au baccalauréat, soit un an de plus que dans l'enseignement général et technologique. En outre, seule la moitié des élèves de lycée professionnel l'obtenait, et avaient peu de chances de réussir à poursuivre des études supérieures. Les autres élèves de lycée professionnel entraient sur le marché du travail après le B.E.P. Dans l'enseignement technologique, les études duraient trois ans : la classe de seconde est commune avec l'enseignement général et l' orientation vers la filière technologique se fait à l'entrée en classe de première. Mais l'accès aux filières universitaires technologiques était très difficile en raison de la concurrence des bacheliers généraux, de meilleur niveau théorique. Les enseignements professionnels et technologiques étaient donc, chacun à son niveau, socialement dévalorisés par rapport à l'enseignement secondaire général. Les lycées professionnels, et une partie des filières technologiques, accueillaient de ce fait très majoritairement les élèves les plus en difficulté dans l'enseignement général, souvent d'origine sociale modeste, à l'issue d'un processus que les sociologues ont qualifié d'orientation « par défaut ».

La réforme de 2009 a transformé le cursus des lycées professionnels en réduisant la préparation du baccalauréat professionnel à trois ans, comme dans les filières générales et technologiques. Cette réforme a permis à l'État, en période de crise budgétaire, d'économiser un an de formation. Mais elle semble aussi avoir eu sur les familles un relatif effet d'attractivité : en accordant au lycée professionnel une égalité symbolique avec les lycées d'enseignement général et technologique, elle atténue l'impression d'être « stigmatisé » par l'obligation de passer par un diplôme intermédiaire avant l'accès au baccalauréat. Certaines familles populaires envisagent donc désormais plus facilement, pour leurs enfants, l'accès au baccalauréat par le lycée professionnel, qui ouvre l'espoir d'accéder aux formations de B.T.S. dans un délai identique à celui des filières générales ou technologiques.

Parallèlement, une réforme mise en œuvre à la rentrée de 2011 a transformé les cursus des filières technologiques industrielles des lycées. Les horaires de travail en atelier ont été supprimés au profit d'un enseignement par simulation sur ordinateur, et les horaires de sciences appliquées ont été augmentés. Le niveau théorique de ces formations a donc été élevé, et les contenus modernisés, ouvrant plus facilement en théorie l'accès aux formations technologiques universitaires.

La conjonction des réformes de 2009 et de 2011 semble donc dessiner un paysage nouveau de la formation initiale française : les lycées professionnels assureraient désormais, en parallèle avec l'apprentissage, l'ensemble des formations professionnelles et technologiques de base répondant aux besoins en ouvriers qualifiés, employés et techniciens ; tandis que les filières technologiques deviendraient en quelque sorte une option de sciences appliquées dans les lycées généraux.

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Écrit par

  • : maître de conférences à l'Institut universitaire de formation des maîtres de l'université de Nantes

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Média

Une salle de classe au lycée François-Mansart de Saint-Maur-des-Fossés - crédits : Alain Buu/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Une salle de classe au lycée François-Mansart de Saint-Maur-des-Fossés