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ENSO (El Niño-Southern Oscillation)

E.N.S.O., un phénomène mondial

Propagation d'El Niño (E.N.S.O.) - crédits : Encyclopædia Universalis France

Propagation d'El Niño (E.N.S.O.)

Les téléconnexions entre la période chaude de l'E.N.S.O. dans le Pacifique (qui correspond à un El Niño dans le Pacifique central et oriental) et des changements climatiques globaux à court terme ont été mises en évidence pendant les années 1990. Les mécanismes physiques reliant ces variations climatiques sur des distances parfois très grandes (la moitié du globe) ont fait l'objet de nombreuses études. En 1995, le phénomène E.N.S.O. a été identifié dans les régions tropicales de l'océan Indien et de l'océan Atlantique (Y. M. Tourre et W. B. White, 1995) [fig. 2]. Pour la première fois, une analyse fine de la surface et de la zone de subsurface de ces océans a été rendue possible grâce à plus de 650 000 mesures effectuées par des bateaux marchands, des navires de recherche et de pêche ainsi que par les marines nationales. La somme de données utilisées couvre une période d'environ quinze ans. Par exemple, le phénomène E.N.S.O. a été mis en évidence dans les variations du contenu thermique des couches supérieures de l'océan Indien (400 premiers mètres). De plus, alors que ce signal se déplace très lentement (environ 30 cm/s) vers l'est en direction de l'Indonésie dans les mers de Timor et de Banda, il a été découvert que le réchauffement maximal au cœur de l'océan Indien se produit au moment même où l'El Niño dans le Pacifique oriental est à son maximum. Les deux événements climatiques sont alors dits « en phase ». L'origine du phénomène dans l'océan Indien semble être associée à des perturbations très fortes dans les vents de moussons dans l'ouest de cet océan. Les raisons de ces variations du vent et leurs relations avec l'indice d'oscillation australe (le S.O.I.) continuent de faire l'objet d'études approfondies.

À la surface de l'océan Atlantique équatorial, un réchauffement cyclique a aussi été découvert, mais de douze à dix-huit mois après la fin de l'El Niño dans le Pacifique oriental. Ce déphasage semble être lié à une réponse passive de la surface de cet océan due à un changement important de la pression atmosphérique et des alizés dans cette région.

Le fait que l'E.N.S.O. soit maintenant considéré comme un phénomène global caractérisé par des oscillations allant de quasi biennales à quasi décennales (Y. M. Tourre et W. White, 2006), avec une présence dans les trois principaux océans tropicaux, devrait faciliter l'explication des perturbations du climat sur toute la planète. Par exemple, localement, l'intensité des transports horizontaux d'humidité peut être fortement modifiée par des anomalies climatiques océaniques. L'humidité atmosphérique pouvant être considérée comme le carburant de l'atmosphère, il s'ensuit des modifications des régimes pluviométriques, qui résultent du couplage très fort océans-atmosphère. L'E.N.S.O. contribue à ces anomalies ou modifications du couplage. Les perturbations, qui peuvent être en phase (océans Pacifique et Indien) ou en chaîne (océans Pacifique et Atlantique), suffiraient à expliquer les changements climatiques en Inde, en Indonésie et en Australie, ainsi qu'en Amérique du Sud et en Afrique.

Tous ces résultats sont fondés sur l'observation. Ils présentent l'avantage de souligner les éléments qui méritent d'être pris en compte dans des modèles numériques dits de circulation générale. La modélisation numérique devrait permettre une meilleure compréhension des processus physiques qui entrent en jeu dans le couplage des océans avec l'atmosphère globale. Il est encourageant de voir que, depuis les travaux de D. Chen et al. (1995), des progrès ont été effectués dans la prévision d'El Niño et de La Niña du Pacifique, grâce à l'assimilation de données dans un modèle de prévision numérique[...]

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Écrit par

  • : expert climat, environnement et applications multidisciplinaires, L.D.E.O., université Columbia, New York

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El Niño

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Propagation d'El Niño (E.N.S.O.)

Autres références

  • ATMOSPHÈRE - La couche atmosphérique terrestre

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    • 7 816 mots
    • 7 médias
    ...l’océan Pacifique. Ce phénomène, qui met en jeu une forte interaction entre l’atmosphère et les courants océaniques, peut exister dans plusieurs régions du monde, mais il est surtout important dans l’océan Pacifique où il prend le nom d’oscillation australe ou ENSO (El Niño Southern Oscillation).
  • ENVIRONNEMENT GLOBAL

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    • 10 médias
    ...en mer, aux systèmes de bouées dérivantes, aux mesures recueillies par satellite, aux progrès-énormes dans nos moyens de calcul, nous commençons à comprendre les mécanismes de ces « événementsE.N.S.O. » (El Niño-Southern Oscillation), dont les répercussions touchent près de la moitié du globe.
  • PÉROU

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    • 22 303 mots
    • 8 médias
    ...sud et le centre, les hivers sont parfois très rigoureux. En revanche, le nord est touché plus directement que le sud par les oscillations climatiques d'El Niño qui provoquent de fortes inondations. Au sud et dans le centre, les remontées d'eau froide du Pacifique, permises par la dérive des eaux...
  • RÉCIFS CORALLIENS

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    ...caractérise par une élévation de la température de l'eau, notamment à l'est du Pacifique sud, et s'accompagne de variations de la pression atmosphérique entre l'est et l'ouest du Pacifique sud, d'oùle nom d'E.N.S.O. (El Niño-Southern Oscillation) donné à ce phénomène climatique.