ENTREPRISE Financement
Le marché financier dans le financement de l'économie
La modernisation du marché financier français, entamée au milieu des années 1980, a profondément modifié le système de financement de l'économie française. D'une économie de crédit (ou d'endettement), on est passé à une économie de marchés de capitaux. Cette transformation a des effets sur le rôle des banques, et, plus généralement, sur l'intermédiation financière. Le tableau montrant l’évolution du nombre des entreprises françaises cotées sur la place de Paris, ainsi que les montants de capitaux levés met en évidence, sur la période 2008-2011, une diminution modérée du nombre d’entreprises cotées à Paris (Euronext et Alternext). En moyenne, sur cette période, le montant des capitaux levés s’élève à 1,7 milliard d’euros par an.
Financement intermédié ou désintermédié
Le financement est indirect ou intermédié lorsque les institutions financières servent d'intermédiaires entre les agents à besoin de financement et les agents à capacité de financement. Il est direct ou désintermédié lorsque agents à besoin de financement et agents à recherche de financement se rencontrent « directement » sur le marché.
Selon la place réservée à la finance directe ou à la finance intermédiée, reprenant la classification faite par John Hicks (1974), on a coutume d'opposer, au niveau macroéconomique, les économies de marchés de capitaux et les économies d'endettement. L'idée, sous-jacente à ce classement, est que les économies dites de marchés de capitaux, plus respectueuses des principes de la bonne gouvernance (règles du marché obligent), feraient davantage appel à l'autofinancement et au renforcement des capitaux propres.
Traditionnellement, on attribue le financement par le marché aux pays anglo-saxons (États-Unis et Royaume-Uni) et le financement intermédié ou bancaire à des pays comme l'Allemagne et le Japon. C'est ainsi que l'on oppose le modèle anglo-saxon orienté marché au modèle rhénan, encore appelé germano-nippon, orienté banque. Les études comparatives récentes des structures de financement remettent partiellement en cause cette vision duale.
En France, depuis le début de la décennie de 1980, le marché des capitaux s'est considérablement développé. Trois décisions importantes ont été à l'origine de son développement :
– l'ouverture du marché qui est devenu un marché national, permanent, accessible à tous les agents économiques, au comptant et à terme, avec possibilités d'options ;
– l'élargissement de la gamme des produits, notamment la création des Sociétés d'investissement à capital variable (Sicav) et la titrisation ;
– des mesures fiscales d'incitation à l'épargne, comme les plans d'épargne en actions (P.E.A.).
Ces mesures ainsi que les progrès concomitants dans le domaine de l'informatique et des télécommunications ont contribué au développement du financement direct des entreprises et de l'actionnariat individuel et collectif (notamment des investisseurs institutionnels : les « zinzins ») et ont eu des conséquences sur le rôle de l'intermédiation dans l'ensemble du système de financement.
Le rôle de l'intermédiation bancaire en France
Les marchés financiers n'ont jamais eu la considération des milieux politiques et sociaux en France, ni même de certains patrons. Il leur est souvent reproché de se focaliser sur le court terme et de jouer contre l'emploi et la croissance. Ce point de vue n’est cependant pas démontré.
Grâce à la modernisation du marché financier, et sous la pression de la concurrence internationale, la France s'achemine lentement vers un modèle d'économie de marchés de capitaux. Pour autant, après une phase de désintermédiation forte de 1985 à 1995, due surtout à une stratégie[...]
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Écrit par
- Michel ALBOUY : Ph. D. University of Texas, Austin, Texas, États-Unis, professeur agrégé en sciences de gestion, professeur à Grenoble École de management
- Geneviève CAUSSE : professeur émérite à l'université Paris-Est et à l'E.S.C.P. Europe
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