ENTREPRISE Financement
Le financement de la nouvelle économie
On désigne par nouvelle économie l'activité des P.M.E. innovantes, souvent appelées start-up, des secteurs des télécommunications, de l'ingénierie informatique et des biotechnologies, qui occupent une place particulière dans le processus de croissance des économies modernes.
Ces P.M.E., de création relativement récente, placées dans des segments neufs, dirigées par de jeunes managers, ont des besoins de fonds élevés qui ne peuvent, par nature, être financés par le secteur bancaire selon les modes classiques. En effet, les banques accordent traditionnellement des crédits sur présentation d'un dossier permettant de juger de la situation financière de l'entreprise, de sa capacité à rembourser et de la rentabilité du projet considéré. Or, dans le cas des P.M.E. du secteur de l'innovation, on se trouve dans un contexte qui ne permet pas de juger selon les mêmes critères : l'entreprise est naissante, les informations quant à la rentabilité future du projet d'innovation sont incertaines, peu fiables et le taux d'échec des entreprises innovantes est très élevé. L’accès restreint aux financements externes provient essentiellement de la difficulté à évaluer le marché futur des entreprises innovantes. L’asymétrie informationnelle entre l’investisseur et l’entrepreneur est de plus aggravée par la proportion importante d’actifs intangibles. La bulle qui s'est formée sur les valeurs technologiques au cours de l'année 2000 et son dégonflement au cours de l'année 2001 n'ont fait qu'accroître cette incertitude.
Pour ce type d'activité, des marchés organisés se sont développés, comme le Nasdaq aux États-Unis au début des années 1970, le Nouveau Marché en France en 1996 ; mais le recours au marché ne peut avoir lieu qu'à un stade déjà avancé de l'existence de l'entreprise, lorsqu'elle entre dans sa phase de développement et qu'elle est déjà connue. À la création, le financement peut être assuré par une société de capital-risque ou, de manière informelle, par apport de capitaux de particuliers intéressés au projet de création, les business angels.
Le capital-risque
Le terme capital-risque est utilisé pour décrire l'apport en fonds propres à des sociétés non cotées. Le capital-risque n'est pas récent, mais son essor a suivi celui de la nouvelle économie. En France, il s'est développé grâce à l'aide des pouvoirs publics, par la création des sociétés de développement régional (S.D.R.), puis par le développement d'organismes privés, les sociétés de capital-risque (S.C.R.), filiales de banques ou de grandes entreprises industrielles. Les S.C.R. ont une activité financière particulière caractérisée essentiellement par le rôle actif qu'elles jouent dans la gestion de l'entreprise financée et par une rentabilité très élevée, celle-ci compensant le risque encouru et le taux de défaillance des entreprises considérées. La rémunération a lieu généralement à l'échéance lors de la sortie (non programmée) du capital de l'entreprise. En France, la structure de levée des fonds se distingue de celle des pays anglo-saxons par le poids important des banques et des personnes privées, deux caractéristiques qui ne favorisent pas la prise de risque. À noter la création de fonds dédiés au financement d’entreprises innovantes (F.C.P.I.) permettant aux souscripteurs de réduire leur impôt sur la fortune (I.S.F.). Mais, malgré l’avantage fiscal, la rentabilité de ces fonds demeure faible et fortement aléatoire.
Les « business angels »
Les business angels sont des investisseurs privés qui, sans intermédiaire, fournissent des capitaux à de jeunes entrepreneurs ayant un projet qui les intéresse. Ces investissements directs sont généralement, pour les investisseurs,[...]
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Écrit par
- Michel ALBOUY : Ph. D. University of Texas, Austin, Texas, États-Unis, professeur agrégé en sciences de gestion, professeur à Grenoble École de management
- Geneviève CAUSSE : professeur émérite à l'université Paris-Est et à l'E.S.C.P. Europe
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