- 1. Les relations entre l’entreprise et ses partenaires financiers
- 2. La concurrence
- 3. Les relations entre fabricants et distributeurs
- 4. Les contrats interentreprises, la sous-traitance et la fragmentation de la chaîne de valeur
- 5. Fusions-acquisitions et cessions d'actifs
- 6. Accords de coopération et consortium de fait
- 7. Bibliographie
ENTREPRISE Les relations interentreprises
La concurrence
Les entreprises capitalistes sont soumises au jugement des marchés. Mais de quelle manière ce principe s’applique-t-il ? La concurrence parfaite, longtemps privilégiée par la théorie, décrit une économie dans laquelle les producteurs sont directement confrontés aux consommateurs. Le marché domine les entreprises et, plus largement, aucun acheteur ni aucun vendeur n’a une taille suffisante pour lui permettre d’influer sur le prix du bien. Il s’agit, toujours par hypothèse, d’un bien de qualité homogène totalement interchangeable d’un vendeur à l’autre. Les offreurs sont supposés accéder à la meilleure technique. Les consommateurs sont parfaitement informés et libres d’opter pour le vendeur de leur choix. Cette hypothèse d’école sert à déterminer les conditions objectives de formation des prix d’équilibre des biens au cas où les offreurs ne profiteraient d’aucun pouvoir de marché. Les offreurs sont incités à vendre au coût de production et à réduire celui-ci à son minimum.
Il va de soi que de telles conditions sont irréalistes. Sans négliger pour autant le fait que la concurrence oblige les entreprises à maîtriser leurs prix et leurs coûts, on ne peut s’en tenir à cette caricature : si le marché correspondait à cette fiction, les firmes se condamneraient à une guerre des prix qui les ruinerait, faute de pouvoir dégager les moyens financiers nécessaires à leur survie.
Elles tirent au contraire leur pouvoir de marché des « imperfections » de la concurrence. Ce pouvoir lui permet de résister aux coups du sort. La concurrence subsiste, même en cas de monopole, dès lors qu'un outsider qui aurait avantage à pénétrer sur le marché n'est pas empêché de le faire par des obstacles artificiels ou des coûts prohibitifs de sortie en cas d'échec. Dans les industries manufacturières, les marchés font fréquemment l’objet d’un partage inégal entre un petit nombre de leaders (oligopoles asymétriques).
La taille d'un groupe diversifié ne détermine pas à elle seule l'ampleur des moyens engagés dans la production de chacun de ses produits ; les plus grandes firmes ne sont pas leaders sur tous leurs marchés. Quand la concurrence est de type monopolistique, elle anime, de façon souvent routinière, de nombreux petits vendeurs et prestataires de services : hôtellerie, restauration, métiers de réparation, métiers de la construction, artisans, services à la personne, etc. Les concurrents les plus ambitieux sont animés par la volonté de faire mieux ou moins cher que les autres sans pour autant les éliminer ; l'offre de prestations complémentaires fidélise une clientèle de voisinage pour en tirer des profits réguliers.
Les firmes rivalisent aussi en amont. Dans les secteurs de haute technologie, par exemple, elles s’efforcent d’attirer les meilleurs talents d'ingénieurs et de sécuriser l'accès à des ressources essentielles : pétrole et gaz, métaux rares, comme le titane ou le tantale, brevets. L'obtention d'un bon rating de la part des agences de notation leur permet de bénéficier de taux d’intérêt avantageux. Les départements d'achat et les services financiers influent sur la compétitivité de l‘entreprise au même titre que la direction commerciale et le marketing stratégique.
La concurrence ne s'analyse pas comme un jeu à un tour dans lequel le gagnant élimine le perdant, par exemple à l'occasion d'un contrat concernant une commande ou d'une vente aux enchères. L'entreprise surmonte ses difficultés grâce à un répertoire de ripostes étendu. Bref, les processus de concurrence sont polymorphes et robustes.
Il ne suffit pas de rechercher les moindres coûts pour être compétitif. Moins encore de chercher à remplacer en toute occasion un facteur de production devenu relativement moins cher du fait que l'autre a renchéri. C'est[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Alain BIENAYMÉ : professeur émérite d'économie à l'université de Paris-IX-Dauphine
Classification
Autres références
-
L'ACCUMULATION DU CAPITAL, Joan Violet Robinson - Fiche de lecture
- Écrit par Jean-Marc DANIEL
- 1 011 mots
- 1 média
Le livre s'écarte de la théorie néo-classique en ne considérant pas le taux d'intérêt comme le paramètre essentiel du processus d'expansion. Joan Robinson constate que la vision néo-classique part de l'idée que les entreprises n'ont aucun autofinancement, ou, tout au moins, que leur... -
ACTIONNAIRES
- Écrit par Pierre BALLEY
- 8 189 mots
- 2 médias
...travail salarié à l'égard des privilèges que le capitalisme assure aux propriétaires des entreprises, et donc aux actionnaires et à leurs mandataires. Faire d'un ouvrier, serait-ce accessoirement, un actionnaire de sa propre société paraît en effet, au moins en théorie, un moyen de le faire évoluer d'une... -
ACTUALISATION, économie
- Écrit par Alain COTTA
- 744 mots
Le terme actualisation désigne, en économie, un procédé qui permet de comparer l'évaluation d'un même bien ou celle des services qu'il rend en différents moments du temps. Quelle que soit l'évaluation d'un bien (prix de marché, coût de production, etc.), il est...
-
AGRICULTURE URBAINE
- Écrit par Jean-Paul CHARVET et Xavier LAUREAU
- 6 273 mots
- 8 médias
...une activité récréative ou encore à une activité seulement sociale et citoyenne ? La réponse à cette question détermine le régime social dans lequel les entreprises peuvent être immatriculées. En France l’activité de production agricole est nécessaire pour bénéficier de la Mutualité sociale agricole et... - Afficher les 114 références