MULTINATIONALES ENTREPRISES
Où et comment ? La localisation de l'entreprise multinationale
Les comportements de localisation
Le problème abordé ici est celui de la localisation de l'établissement (usine, laboratoire de recherche, siège, unité de gestion, finance, etc.) que l'entreprise multinationale voudra installer sur un territoire géographique précis : un terrain.
Bien sûr, la pondération des déterminants dans le choix d'implantation sera très différente d'un secteur à l'autre et selon le type de produit, de service ou de fonction d'entreprise implantées à l'étranger. Les comportements de localisation obéissent cependant à certaines règles.
La localisation internationale des firmes : un choix géographique hiérarchisé
Les firmes font des choix séquentiels dans leur localisation, en choisissant d'abord une grande zone géographique (par exemple l'Europe), puis un pays d'implantation, et enfin une localité précise à l'intérieur de ce pays (ville, terrain).
La pondération des déterminants du choix à chacune de ces étapes n'est sans doute pas identique. À chaque stade, il y a des arbitrages entre plusieurs pays, ou régions ou terrains ; les entreprises conservent une short list, où ces différents territoires sont mis en concurrence les uns contre les autres, souvent à l'aide d'une notation sur la base de critères économiques, sociaux, politiques, techniques et géographiques. Il semble a priori plausible que la firme multinationale choisira la grande zone, puis le pays pour leur demande potentielle, et la région pour ses coûts.
Quelques études ont utilisé cette méthodologie de hiérarchisation des choix de localisation : celle de Mayer et Mucchielli (1999) analyse les choix de localisation des investisseurs japonais en Europe, au niveau des pays mais également au niveau des régions subnationales. Il en ressort que les déterminants des choix de localisation sont relativement différents entre les deux niveaux géographiques. Les coûts de production ont en particulier une incidence plus importante au niveau régional. De plus, la structure hiérarchique dans laquelle les firmes choisissent d'abord un pays puis une région à l'intérieur de ce pays est confirmée par les choix de localisation des firmes japonaises.
En revanche, aux deux niveaux géographiques, on observe une tendance à la concentration spatiale des firmes : les investisseurs étrangers ont tendance à privilégier les pays dans lesquels leurs concurrents sont nombreux, et ils se concentrent également dans les régions où un nombre de firmes important se sont déjà implantées.
L'introduction des effets d'agglomération
La concentration géographique des firmes est un des éléments clés de la nouvelle économie géographique. Il s'agit d'effets d'agglomération qu'on explique par des externalités positives entre firmes. Les justifications qu'on apporte à ces phénomènes d'agglomération se rapprochent des trois explications qu'Alfred Marshall (1920) donnait déjà à la concentration géographique intra-industrielle :
1. La concentration de l'activité permet de créer un marché du travail spécialisé et partagé. Les entreprises aussi bien que les travailleurs bénéficient de la concentration du marché pour des raisons de disponibilité des facteurs et de minimisation des coûts associés aux fluctuations de l'activité.
2. Il devient possible pour un site de développer des inputs spécialisés qui améliorent la productivité des entreprises et ainsi augmentent l'attractivité. On pense en particulier à la fourniture de biens publics, d'infrastructures de communication, ou encore à l'achat commun de machines très onéreuses.
3. La concentration géographique d'un secteur permet d'entraîner des effets de retombées technologiques qui, comme le souligne Paul Krugman (1991), ne s'appliquent[...]
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Écrit par
- Jean-Louis MUCCHIELLI : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
Classification
Média
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