ENVIRONNEMENT Un enjeu planétaire

Environnement et responsabilités humaines

La Banquise dans la zone arctique - crédits : NASA — La Banquise dans la zone arctique
NASA

C'est à une échelle globale qu'il est nécessaire d'évaluer l'évolution de l'environnement terrestre ainsi que les temporalités qui interfèrent dans le rapport de l'homme à la nature. La difficulté dans le choix de l'agir humain réside dans les contradictions entre les durées des changements géologiques et climatiques, les rythmes des processus de spéciation-extinction et ceux qui sont propres à l'histoire humaine. Il a suffi de deux cents ans pour rompre le cercle vertueux de l'échange homme-nature, au sein duquel, grâce à la consommation des ressources renouvelables, la compatibilité écologique de l'espèce humaine et de son environnement était assurée. Le puissant missile de la croissance, sommairement résumé par le rapport production/population, a désormais quitté son orbite terrestre et accélère sa course incontrôlée. Il faut donc refermer le cercle, boucler à nouveau les cycles biogéochimiques. Mais comment ? comment réaliser un développement durable – c'est-à-dire soutenable –, suivant l'expression consacrée ?

Cette question globale renvoie à celle de l'interdépendance des États qui composent la mosaïque du monde. Cependant, contrairement à l'environnement planétaire, le système politique mondial est encore à un niveau d'interdépendance trop faible et sous-organisé. Comment faire pour le renforcer ? N'allons-nous pas devoir affronter ces questions au moyen d'un système politique qui ressemblerait à un gouvernement mondial ? Prendre acte de cette situation, c'est comprendre la nécessité d'un changement de paradigme dans l'approche de la question de l'environnement. Il s'agit de donner une consistance sociale et scientifique aux théories des global commons, ces biens communs de l'humanité que sont l'eau, l'air, les sols, les diversités biologique et culturelle.

Sur le terrain politique, à défaut d'un gouvernement mondial, le principe d'une gouvernance globale de l'environnement a été relancé le 23 septembre 2003, devant la quarante-huitième assemblée générale de l'O.N.U., par la proposition française de créer une Organisation des Nations unies de l'environnement (O.N.U.E.). Pour ses promoteurs, il s'agit de transformer le Programme des Nations unies pour l'environnement (P.N.U.E.) en une organisation internationale à part entière, capable de porter la conscience écologique mondiale. Elle procéderait à l'évaluation scientifique des menaces environnementales globales. Forte d'un mandat politique universellement reconnu, elle aurait l'autorité et la légitimité nécessaires pour la mise en œuvre des actions décidées en commun en faveur de la planète et de ses habitants. Ce projet a été conforté par la conférence de Paris des 2 et 3 février 2007 pour une gouvernance écologique mondiale, avec l'objectif affiché d'accélérer la prise de conscience de l'urgence afin de définir les actions prioritaires face aux menaces et d'agir à cette fin pour la création de l'O.N.U.E.

Sur le terrain scientifique, la difficulté des recherches sur l'environnement tient à la vocation première des institutions dont elles dépendent. Ces dernières furent en effet créées dans un monde où les idées de progrès indéfini, de primat des politiques étatiques sur les économies, de souveraineté des sociétés sur la nature et d'identité nationale constituaient les points cardinaux de la pensée. Or les questions de l'environnement ne peuvent être pensées qu'à l'échelle globale et par des communautés de recherche « cosmopolitiques », c'est-à-dire constituées de spécialistes des sciences de la nature (le cosmos) et de la société (la polis), comme le soutient le sociologue[...]

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Écrit par

Jean-Paul DELÉAGE : historien des sciences, professeur émérite de l'université d'Orléans

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