- 1. Définition comptable
- 2. Les déterminants du niveau de l'épargne
- 3. La structure du patrimoine des ménages : vue globale
- 4. Le patrimoine financier des ménages : vue microéconomique
- 5. La collecte, la gestion et la destination de l'épargne
- 6. Les biais de comportement
- 7. La protection de l'épargne
- 8. Bibliographie
ÉPARGNE
Le patrimoine financier des ménages : vue microéconomique
Les données de comptabilité nationale qui viennent d'être présentées sont globales. Elles dissimulent les grandes disparités qui existent entre les patrimoines financiers individuels. Globalement, tout d'abord, le patrimoine est très concentré. En France, selon une enquête menée par l'INSEE en 2015, les 10 p. 100 les plus riches des ménages possédaient 50 p. 100 du patrimoine total, tandis que les 50 p. 100 les plus pauvres n'en possédaient que 0,1 p. 100.
La structure du patrimoine fait aussi apparaître de fortes disparités. En France, 10 p. 100 seulement des ménages détiennent un patrimoine « complet », au sens que l'INSEE donne à ce terme, c'est-à-dire qu'ils possèdent à la fois un logement et chacun des quatre types principaux d'actifs financiers : livret d'épargne, assurance vie, épargne-logement et valeurs mobilières. Six ménages sur dix détiennent un bien immobilier, cinq sur six un livret d'épargne, près d'un sur deux un produit d'assurance vie ou de retraite, mais un sur cinq seulement est directement détenteur d'actions. L'actionnaire type a entre quarante et soixante-dix ans, a des revenus élevés, est cadre ou exerce une profession libérale.
La détention d'actions
Les actionnaires sont donc encore minoritaires et ce constat, plus ou moins prononcé, vaut pour toute l'Europe. Leur nombre a cependant augmenté partout dans les années 1990, en raison des bonnes performances des marchés d'actions, et aussi des programmes de privatisation qui ont amené, pour la première fois sur le marché boursier, des millions de particuliers. Les montants détenus en actions par ces particuliers sont souvent faibles, comme l'est le nombre d'actions différentes figurant dans les portefeuilles.
Des études (Guiso, Haliassos et Jappelli, 2002), appliquées au cas de l'Europe, montrent également que la détention d'actions par les particuliers croît avec leur niveau de formation, parce que l'intervention directe sur les marchés de titres nécessite une compréhension des mécanismes économiques. Il y a un « coût d'entrée » sur le marché plus élevé pour les personnes ayant un faible niveau d’éducation. La probabilité de détention d'actions croît aussi avec le niveau de revenu et de richesse. Si les particuliers américains sont globalement plus souvent détenteurs d'actions que les habitants d'Europe continentale, c'est que les 10 p. 100 les plus riches d'entre eux sont presque tous actionnaires, soit directement, soit à travers un fonds d'investissement, alors que les 10 p. 100 les plus riches en Europe continentale ne sont actionnaires que pour la moitié d'entre eux.
Quant à la répartition de l'actionnariat par classe d'âge, on observe dans tous les pays une courbe en cloche : c’est autour de la cinquantaine que la probabilité d’être actionnaire est maximale, et cette probabilité est très faible parmi les très jeunes et les très vieux. À ces effets d'âge s'ajoutent des effets de génération, que l'on peut observer en suivant dans le temps chacune des générations : à âge égal, celles nées après la Seconde Guerre mondiale comportent plus d’actionnaires que n’en comportaient celles qui les précédaient.
Aversion au risque, coûts de gestion et coûts d'apprentissage
Le faible niveau de la détention d'actions demeure une énigme. Certes, le cours des actions est plus volatil que celui des autres placements. Mais, à long terme, leur rendement, comprenant dividendes et plus-values, en fait le placement le plus rémunérateur. Un rapport d'Olivier Garnier et David Thesmar pour le Conseil d’analyse économique a ainsi montré que les actions avaient enregistré de meilleures performances que les obligations[...]
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Écrit par
- Didier DAVYDOFF : membre de l'Observatoire de l'épargne européenne
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