ÉPICLÈSE
Grande prière eucharistique adressée au Saint-Esprit au moment où le célébrant rapporte le récit de la Cène et prononce les paroles dites consécratoires, l'épiclèse (du grec epiklêsis, invocation) a toujours tenu une place centrale dans les liturgies orientales, qui suivent ainsi saint Jean Damascène : « Le changement du pain dans le corps du Christ s'effectue par la seule puissance du Saint-Esprit » (De fide orthodoxa, IV, 13). Les épiclèses orientales prennent des formes légèrement différentes suivant qu'il s'agit de la liturgie dite de saint Jacques (« Car l'Esprit saint vivificateur descend des hauteurs et se posant sur cette Eucharistie la consacre »), de celle de saint Jean Chrysostome (« Nous te supplions d'envoyer l'Esprit saint sur nous et sur ces dons, les changeant par ton Esprit »), ou de celle de saint Basile (« Plaise à ta bonté que vienne ton Esprit sur nous et sur ces dons, qu'il les bénisse, les sanctifie et manifeste ce pain comme le corps de notre Seigneur »).
La liturgie romaine, qui avait supprimé pendant longtemps l'épiclèse, l'a réintégrée dans les diverses versions du canon de la messe à la suite de la réforme entreprise en 1963. En fait, la différence de pratique à ce sujet entre l'Orient et l'Occident reposait sur une dissension concernant le sacerdoce. Pour la théologie orientale, le prêtre ne s'identifie pas avec le Christ et il ne prononce pas les paroles : « Ceci est mon corps », in persona Christi, comme le suppose l'Église latine. Il parle au nom de la communauté. Et pour que ses paroles aient une efficace, on invoque l'Esprit, seul capable de donner le Christ. C'est par l'Esprit saint que le Christ lui-même identifie les paroles prononcées par le prêtre et les siennes, l'Eucharistie actuelle et la Cène. L'épiclèse se trouve ainsi, plus encore que le Filioque, au centre d'un des sujets les plus importants pour l'œcuménisme : celui de la place et du sens du sacerdoce dans la communauté chrétienne.
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Écrit par
- Marie-Odile MÉTRAL-STIKER : docteur en philosophie
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