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ÉPIGRAPHIE

L'épigraphie est l'une des sciences auxiliaires les plus importantes de l' histoire. Elle nous permet de mieux connaître les anciennes civilisations. Pourtant, comme l'écrit l'un des maîtres incontestés de cette science, Louis Robert, « il n'y a pas d'épigraphie en soi, dont on pourrait définir la méthode et l'apport à l'histoire. Ce sont des choses très dissemblables que les runes, l'épigraphie turque de l'Orkhon, les épigraphies phénicienne ou néopunique ou hébraïque ou sahéenne ou iranienne ou l'épigraphie arabe ou les inscriptions khmer. »

L'intérêt privilégié porté aux épigraphies grecque et romaine s'explique par la variété et l'importance des documents qui offrent parfois des séries suivies pour des civilisations où font défaut les archives au sens moderne du mot. Les inscriptions antiques nous renseignent souvent davantage que les œuvres littéraires. Pour mieux en mesurer l'importance, laissons encore une fois la parole à Louis Robert qui nous montre ce que serait l'épigraphie de notre monde moderne si toutes archives venaient à disparaître : « Que présente l'épigraphie dans un pays moderne ? Des bases de statues aux grands hommes, quelques frises inscrites d'édifices civils ou religieux [...]. Cela dans les villes ; la campagne n'a pas d'épigraphie, sauf les monuments aux morts des deux guerres [...]. L'épigraphie, pour le moderne, ce sont essentiellement les épitaphes de nos cimetières. »

Épigraphie grecque

L'épigraphie grecque étudie les inscriptions gravées sur matière non périssable : pierre, métal, argile, bois. Ce qui exclut les textes enregistrés sur papyrus ou parchemin, réservés aux spécialités que sont la papyrologie et la paléographie. En très grande majorité, ces documents se présentent de manière uniforme : le texte est gravé en majuscules, sans séparation entre les mots. En outre, d'une extrémité à l'autre du monde où l'on écrit le grec, depuis les frontières de l'Inde jusqu'aux landes d'Écosse, l'écriture évolue, en dépit de variantes infinies, selon des lois qui demeurent assez constantes. On peut parler à juste titre de graphie archaïque, classique, hellénistique, impériale, et même, à l'intérieur de ces catégories, préciser une chronologie que dérobe souvent la nature du document ou la différence des calendriers. La tâche de l'épigraphiste consiste donc à déchiffrer ces documents, à les dater, autant que faire se peut, à les expliquer, à les situer dans l'histoire.

Le nombre des inscriptions grecques est tel que l'on a pu parler d'une « civilisation de l'épigraphie » ; les textes jusqu'alors connus se montent à plusieurs centaines de mille, et chaque année apporte sa moisson de nouveautés : plusieurs milliers sont dans les réserves des musées ou demeurent sur les champs de fouilles, et font l'objet, après des délais plus ou moins longs, de publications savantes. Comparés aux textes littéraires, ces documents offrent le grand avantage d'apporter un témoignage authentique, tel que les contemporains l'établirent, sans qu'aucune altération ne lui fasse écran. Leur défaut n'est pas moins certain : il ne s'agit jamais que de documents fragmentaires, soit en raison de leur isolement, soit à cause de leur sujet ou de leur mutilation. Pourvu de ces seules inscriptions, l'historien de la Grèce n'aurait que grains de sable pour reconstruire l'édifice du passé ; s'il en est privé, il ne connaît guère que de lointaines façades sans précision ni décor réel. Encore pour les utiliser doit-il se rendre maître d'une technique, se former aux méthodes d'une érudition, faire œuvre enfin d'une compréhension où les divers éléments prennent leur importance[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études
  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Lyon
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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