ÉPIZOOTIES
Épidémiologie analytique des épizooties
Comme pour toute maladie transmissible, l'expression d'une maladie est le résultat de l'interaction entre un agent pathogène et une population réceptive.
Différents facteurs conditionnent le potentiel épizootique (ou épidémique) d'une maladie, en particulier certaines propriétés de l'agent pathogène. Ces propriétés étant réunies, il faut ensuite certaines circonstances pour déclencher la naissance d'une épizootie. Et, bien sûr, l'homme joue un rôle important, en essayant de prévenir une telle naissance ou d'en limiter les effets.
Propriétés de l'agent pathogène
Les épizooties sont en général des maladies aiguës, à incubation courte.
Le premier facteur favorisant réside dans la brièveté de l'incubation (parfois de deux à trois jours seulement). Un organisme réceptif devient ainsi source de l'agent pathogène peu de temps après sa contamination et, par conséquent, un développement exponentiel de la maladie en un court laps de temps est favorisé. A contrario, les maladies à incubation longue ne sont pas des épizooties. Ainsi, la tremblante, la leucose bovine enzootique dont l'incubation est de plusieurs années, même si l'agent pathogène peut être transmis bien avant l'apparition des symptômes, sont des maladies de type enzootique. Même des maladies à incubation plus courte, de l'ordre de quelques semaines, comme la tuberculose, la brucellose, la rage, etc., sont des maladies de type enzootique.
La production intense de l'agent pathogène par les organismes atteints constitue un autre facteur capital conditionnant l'allure épizootique. L'agent pathogène ainsi produit en quantités considérables peut être excrété dans le milieu extérieur ou non.
L'exemple de choix de l'excrétion massive d'un agent pathogène dans le milieu extérieur est celui de la fièvre aphteuse : ainsi, un porc atteint de fièvre aphteuse peut éliminer dans l'air, pendant la phase d'état, suffisamment de virus en une minute pour contaminer 70 000 bovins.
On peut aisément imaginer l'extraordinaire production quotidienne de virus aphteux que représente une porcherie de 1 000 porcs à l'engrais atteints de fièvre aphteuse ! Lorsque l'agent pathogène est massivement excrété dans le milieu extérieur, un autre facteur qui conditionne son « efficacité » épidémiologique est sa résistance. Certains agents pathogènes sont rapidement inactivés après leur excrétion. Il en est ainsi, par exemple, des mycoplasmes qui résistent peu de temps dans le milieu extérieur. Cette sensibilité, associée à la longueur du temps d'incubation, explique pourquoi la péripneumonie contagieuse bovine (due à un mycoplasme) se présente comme une enzootie et non une épizootie. En revanche, d'autres agents pathogènes sont résistants dans le milieu extérieur et peuvent donc contaminer un plus grand nombre d'organismes, pendant plus longtemps. C'est le cas du virus aphteux, qui peut résister plusieurs semaines dans le milieu extérieur et, par conséquent, utilise les supports les plus divers (animaux non réceptifs, homme, véhicules, vent...) pour sa diffusion à distance (jusqu'à 100 km par voie aérienne au-dessus de l'eau, ou davantage sur ou dans des produits pollués).
L' agent pathogène peut ne pas être excrété, mais, étant produit en très grande quantité et présent dans le sang, se servir d'un vecteur pour être prélevé, parfois multiplié, puis inoculé. Ainsi, de nombreuses arboviroses sont des épizooties (et, parfois, des épidémies). Pour la peste équine, la fièvre catarrhale ovine (ou blue-tongue), les encéphalomyélites virales équines, la fièvre à virus West-Nile, la virémie est élevée et, à la saison de multiplication des insectes vecteurs, ceux-ci jouent le double[...]
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Écrit par
- Bernard TOMA : professeur émérite, École nationale vétérinaire d'Alfort
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