ÉPIZOOTIES
Lutte contre les épizooties
Méthodes
Pour limiter ou prévenir les épizooties, on peut recourir à des méthodes de prophylaxie sanitaire ou de prophylaxie médicale, voire associer les deux.
La prophylaxie sanitaire repose, en milieu indemne, sur l'installation de réseaux d'épidémiovigilance pour les principales épizooties et sur le respect de règles scrupuleuses relatives à l'importation de tout animal ou produit d'origine animale pouvant servir de support à l'agent pathogène.
Le principe est simple : interdire l'importation de toute espèce animale réceptive et de tout produit éventuellement pollué en provenance de pays infectés. En pratique, les difficultés sont grandes : en Europe occidentale, la disparition des frontières au sein de l'Union européenne ne peut qu'accroître les risques, chaque pays devenant dépendant de l'efficacité de ses voisins.
Par ailleurs, la libéralisation croissante du commerce international a accru les échanges d'animaux et de produits d'origine animale et, par conséquent, les risques de transport concomitant d'agents d'épizooties.
Les instances internationales, notamment l'O.I.E., jouent un rôle capital dans l'épidémiosurveillance des épizooties et dans l'information réciproque des pays membres. L'O.I.E. a permis également de définir des règles auxquelles soumettre les échanges internationaux d'animaux, les techniques de contrôle à utiliser, la standardisation de réactifs, la désignation de laboratoires de référence, etc.
En milieu atteint, la prophylaxie sanitaire fait appel à la mise en quarantaine des foyers, leur suppression par abattage de tous les animaux réceptifs (atteints ou non), la désinfection, le tout associé à des mesures de limitation des rassemblements d'animaux, des transports, des déplacements dans des zones périfocales.
La prophylaxie médicale repose sur la vaccination. Celle-ci peut être systématique, comme elle le fut en France pendant une trentaine d'années à partir de 1950, pour protéger les bovins de la fièvre aphteuse, ou occasionnelle, adaptée à la présence de foyers (vaccination périfocale).
Dans certaines régions du monde où de nombreux obstacles (financiers, climatiques, sociaux...) empêchent l'application de mesures de prophylaxie sanitaire efficaces, elle demeure la seule méthode réellement utilisée (clavelée, peste bovine, etc.).
L'association des deux méthodes, sous forme de prophylaxie médico-sanitaire, a fait ses preuves dans la lutte contre de nombreuses épizooties : fièvre aphteuse, peste porcine (fig. 2)classique, etc.
Toutefois, en Europe, depuis quelques années, compte tenu de l'amélioration progressive de la situation épidémiologique et sous la pression des pays anglo-saxons, la règle est, depuis le 1er janvier 1992, l'interdiction de la vaccination contre les épizooties (d'abord la peste porcine classique, puis la fièvre aphteuse), au bénéfice de l'emploi exclusif de mesures de prophylaxie sanitaire. En effet, un pays qui vaccine n'est pas considéré comme indemne de cette maladie (à cause de l'impossibilité habituelle de distinguer les anticorps des animaux vaccinés de ceux des animaux infectés), ce qui empêche ses exportations.
Résultats et perspectives
Le recours aux méthodes de lutte évoquées ci-dessus a permis à différents pays de maîtriser puis d'éradiquer diverses épizooties. Cela est vrai en Amérique du Nord et en Europe de l'Ouest. En revanche, l'Afrique, l'Asie et, dans une moindre mesure, l'Amérique centrale, demeurent des régions où les agents d'épizooties gardent une activité importante ou s'entretiennent dans différentes catégories de réservoirs.
À l'inverse de la variole humaine, maladie pandémique, aucune épizootie n'a pour l'instant été éradiquée sur le plan mondial.[...]
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Écrit par
- Bernard TOMA : professeur émérite, École nationale vétérinaire d'Alfort
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