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ÉPOUSES ET CONCUBINES, film de Yimou Zhang

Fils d'un officier du Kuomintang, Zhang partait avec un lourd handicap dans la Chine communiste ; « rééduqué » à la campagne durant la révolution culturelle, il n'entre qu'à vingt-sept ans à l'école de cinéma de Pékin, après avoir appris la photo en autodidacte. Lorsqu'il obtient son diplôme, en 1982, c'est l'heure de la « cinquième génération », la nouvelle vague chinoise qui coïncide avec la libéralisation ambiguë du pouvoir. Malgré leur succès (soixante-quinze millions de spectateurs pour Sorgho rouge, Hong gaoliang, 1987), ses premiers films, y compris Épouses et concubines (Da hongdenglong gaogao gua), sont mal vus par la censure, qui leur reproche une vision trop noire de la société chinoise, et un érotisme sous-jacent (en outre le divorce de Zhang et sa vie maritale avec Li Gong font scandale).

Les récompenses internationales (à Berlin, à Venise notamment), et la plus grande prudence politique de Qiu Ju, une femme chinoise (Qiu Ju da guansi, 1992) lui permettent de continuer à filmer. Durant toute la première moitié des années 1990, il est l'emblème de l'artiste révolté, unanimement apprécié hors de son pays. Avec Shanghai Triad (Yao a yao yao dao wai pei qiao, 1995), il entre dans le jeu des coproductions avec l'Europe.

Intrigues en vase clos

Province du Shanxi, dans les années 1920. Après la mort de son père, la jeune Songlian doit renoncer à ses études et épouser Chen Zuoqian, chef d'une famille puissante. Il a cinquante ans ; elle devient sa quatrième épouse. Chacune des femmes habite une maison, dans une cour du vaste palais. La compétition entre elles est rude, pour s'assurer la visite quotidienne du maître, et le pouvoir qui l'accompagne. Songlian, plus jeune, reçoit d'abord son attention, et c'est pour elle que s'allument les lanternes rouges ; mais, trop naïve et trop orgueilleuse à la fois, elle ne perçoit pas le danger qui provient de la deuxième épouse, retorse et cruelle sous ses airs de bonté. Pour regagner les faveurs de son époux, Songlian feint d'être enceinte, mais la ruse est éventée. Mise au ban de la petite société, elle s'enfonce un peu plus, en dénonçant d'abord sa servante, coupable d'avoir allumé des lanternes chez elle, puis la troisième épouse, coupable d'adultère. L'une et l'autre mourront. Incapable de supporter cette responsabilité, et sa position désespérée, elle devient folle.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle, directeur d'études, École des hautes études en sciences sociales

Classification

Autres références

  • CHINOIS CINÉMA

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    • 6 369 mots
    • 1 média
    ...mots d’ordre du cinéma chinois, Zhang Yimou se fait remarquer avec Le Sorgho rouge (1987), qui révèle Gong Li, avant de connaître le succès grâce à Épouses et concubines (1991), de facture classique et judicieux dosage entre critique de la tradition et enjolivement de son pittoresque exotique. Si...