EPSTEIN sir JACOB (1880-1959)
C'est peu avant 1900 que Jacob Epstein, fils d'émigrés russo-polonais, décide de se consacrer à la sculpture. Il entre dans une fonderie de New York et suit, le soir, des cours de modelage. Venu à Paris en 1902, il s'inscrit à l'École des beaux-arts puis à l'académie Julian et achète des sculptures africaines à Paul Guillaume, formant ainsi le noyau d'une célèbre collection. Il s'installe à Londres en 1905 et reçoit, en 1907, la commande de dix-huit statues pour le nouveau bâtiment de la British Medical Association. Exécutés en quatorze mois, ces personnages plus grands que nature marquent le début d'une hostilité que l'artiste va connaître tout au long de sa carrière de la part du public. En 1911, il est chargé d'exécuter la tombe d'Oscar Wilde au cimetière du Père-Lachaise. Son séjour à Paris lui permet de rencontrer Picasso, Brancusi et Modigliani. Un nouveau scandale éclate au moment de l'inauguration du monument en raison des attributs virils dont a été doté l'ange qui surplombe le caveau de l'écrivain. Dès 1913, il est membre du groupe vorticiste aux côtés du peintre Wyndham Lewis, du sculpteur Gaudier-Brzeska et du poète Ezra Pound. Le Rock-Drill (Tate Gallery, Londres) qu'il exécute en 1913, personnage transformé en marteau-piqueur, montre une parenté d'idées avec le futurisme italien, mais c'est la recherche d'une certaine simplification des formes qui domine alors dans son œuvre. Après la Première Guerre mondiale, Epstein adopte un style de tendance expressionniste avec une préférence marquée pour les sujets religieux et les portraits. Si des œuvres comme Genesis (1930) ou Ecce Homo (1934-1935), marbres qui dénotent une réminiscence de la sculpture africaine, provoquent de nouveaux scandales, les groupes de bronze de facture plus naturaliste comme La Visitation (1926, Tate Gallery) ou La Vierge à l'Enfant (1952, couvent du Saint-Enfant-Jésus, Cavendish Square à Londres), ainsi que ses nombreux portraits (Churchill, Nehru, Einstein...) sont mieux acceptés par le public.
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Écrit par
- Nicole BARBIER : conservateur au Musée national d'art moderne, Paris
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