ÉQUATEUR
Nom officiel | République de l'Équateur (EC) |
Chef de l'État et du gouvernement | Daniel Noboa (depuis le 23 novembre 2023) |
Capitale | Quito |
Langue officielle | Espagnol 1
|
Unité monétaire | Dollar des États-Unis (USD) |
Population (estim.) |
17 340 000 (2024) |
Superficie |
256 850 km²
|
Une démocratie fragile
Depuis les années 1980 particulièrement, l'Équateur apparaît comme un pays « à risques ». En premier lieu, il s'agit de risques naturels : de 1990 à 1995, deux cent treize catastrophes naturelles ont été enregistrées. Glissements de terrain, séismes, éruptions volcaniques, pluies dévastatrices et impacts du phénomène climatique El Niño mettent en lumière la vulnérabilité de la société équatorienne toujours aussi peu préparée à y faire face, alors que le clientélisme et la corruption détournent l'aide nationale et internationale. Ces risques naturels sont même perçus comme les principaux agresseurs aux yeux d'une société qui est en paix avec ses voisins, notamment avec le Pérou (signature d'un traité de paix en octobre 1998 fixant définitivement les frontières).
En second lieu, les Équatoriens aiment à rappeler que « l'Équateur ne mourra pas des calamités naturelles mais des mauvais gouvernements ». Depuis les années 1970, l'Équateur est présenté comme un pays ingouvernable dans lequel existent des risques économiques, avec un contexte de crise continue, des risques sociaux liés aux inégalités et à la multiplication des protestations populaires, et des risques politiques avec plusieurs putschs qui révèlent la fragilité de la démocratie.
Retour à la démocratie et première crise de la dette (1978-1984)
L'usure du pouvoir, les tensions internes à l'armée, la pression sociale croissante minent les bases de la dictature du Conseil suprême dirigé par le contre-amiral Alfredo Poveda, junte qui succède, le 11 janvier 1976, au triumvirat militaire du général Guillermo Rodríguez Lara, et qui envisage, à partir de 1977, le retour à la démocratie. Une nouvelle Constitution, proposée par référendum en 1978, entre en vigueur en 1979. Elle instaure un mandat présidentiel de quatre ans, la non-rééligibilité du président, une chambre unique – le Congrès national – qui exerce les fonctions législatives et de contrôle du gouvernement, ainsi que le suffrage universel qui accorde, pour la première fois, le droit de vote aux analphabètes. Les militaires organisent également l'élection présidentielle de juillet 1978 : ils excluent les candidats qui ne leur conviennent pas et manœuvrent en faveur de Jaime Roldós Aguilera (du parti Concentration des forces populaires, CFP) à la présidence et d'Oswaldo Hurtado Larrea à la vice-présidence. Roldós tente de satisfaire les demandes sociales en réglant aux fonctionnaires les salaires impayés, en augmentant le salaire minimum et en lançant plusieurs grands chantiers de travaux publics. Il semble disposer d'une certaine marge de manœuvre avec la nouvelle augmentation du prix du baril de pétrole en octobre 1979. Toutefois, ces mesures finissent par accentuer les déséquilibres budgétaires, aggravés par un nouveau conflit avec le Pérou en 1981, et ouvrent une période de crise.
Après la disparition de Roldós dans un accident d'avion, le 24 mai 1981, Hurtado assume la présidence et adopte, en 1982, un premier plan de stabilisation économique et sociale qui doit réduire les déficits publics. En effet, 1982 marque la fin de la relative prospérité pétrolière, avec la forte chute des prix du baril, alors que le pays s'est considérablement endetté. Cette même année, la dette représente 53,2 % du PIB. Par ailleurs, le boom pétrolier des années 1970 n'avait pas permis de remédier aux faiblesses structurelles du pays (marché domestique réduit, absence de diversification des activités, inégalités sociales), et les militaires alors au pouvoir s'étaient consacrés à des projets ambitieux (construction de grandes infrastructures routières, électrification de zones reculées, industrialisation sous la houlette de l'État...) mais parfois peu adaptés aux besoins du pays, tout en menant des politiques souvent incohérentes. Hurtado dévalue[...]
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Écrit par
- Jean-Paul DELER : agrégé de géographie, docteur d'État ès lettres et sciences humaines, directeur de recherche au C.N.R.S.
- Yves HARDY : journaliste
- Catherine LAMOUR
: journaliste au journal
Le Monde - Emmanuelle SINARDET : maître de conférences habilité, professeur à l'université de Paris Ouest Nanterre La Défense
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
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