- 1. Les systèmes différentiels linéaires dans le champ réel
- 2. Les systèmes différentiels linéaires dans le champ complexe
- 3. Le problème de Sturm-Liouville
- 4. Les systèmes différentiels non linéaires
- 5. La théorie de la stabilité
- 6. Les solutions périodiques des systèmes différentiels
- 7. Intégration numérique des équations différentielles
- 8. Bibliographie
DIFFÉRENTIELLES ÉQUATIONS
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Les équations différentielles sont apparues historiquement tout au début du développement de l'analyse, en général à l'occasion de problèmes de mécanique ou de géométrie. Si, dans les premières investigations, l'on s'attachait surtout à en calculer les solutions au moyen de fonctions déjà connues, très vite ce point de vue s'affirma trop étroit ; c'est qu'en effet le problème fondamental de la théorie des équations différentielles est de déduire les propriétés des solutions d'une équation ou d'un système donné de la forme analytique de ceux-ci ; or, en général, les équations qui résultent d'une investigation théorique en mathématiques ou en physique ne sont pas explicitement intégrables et constituent, bien souvent, la principale source pour la définition de nouvelles fonctions dont les propriétés peuvent être prévues par une analyse systématique de grandes classes d'équations ou de systèmes.
On développera, dans les quelques rubriques qui suivent, les méthodes propres à mettre en évidence l'existence de solutions sous des conditions appropriées et à en étudier les propriétés les plus fondamentales.
Les systèmes différentiels linéaires dans le champ réel
On se propose d'étudier l'existence et les propriétés des solutions du système différentiel linéaire :


On notera que toute équation différentielle linéaire d'ordre n :


Existence des solutions
Un premier résultat fondamental est donné par le théorème suivant : Le système

Il faut souligner qu'à l'équation (4) on a adjoint la condition initiale (5) ; on obtient ainsi un résultat d'existence et d'unicité.
On notera qu'au système (4), (5) on peut substituer l'équation intégrale équivalente :


On établit la convergence de la suite xm(t ) vers une fonction x(t ) ; on montre ensuite que x(t ) est solution de (4), (5) et qu'il y a unicité.
Le même type d'argument permet d'établir le théorème suivant : Le système

On réservera, dans la suite, la notation X(t ) à cette solution quand on prend pour D la matrice identité I, et l'on dira que X(t ) est la matrice résolvante. Le théorème de Jacobi montre que :

Il est clair que la solution du système (4), (5) peut être représentée par x(t ) = X(t )c.
En prenant pour c les éléments de la base de l'espace vectoriel Rn ou Cn, on obtient n solutions de (4), qui sont les vecteurs dont les composantes sont inscrites successivement dans les colonnes de X(t ). Puisque det X(t ) ≠ 0, les vecteurs sont indépendants quel que soit t. D'ailleurs, si l'on dispose de n solutions indépendantes à l'instant t = 0, elles le demeurent pour tout t : on dira que c'est un système fondamental de solutions. Enfin, il ne peut exister plus de n solutions indépendantes.
Dans le cas de l'équation différentielle (3), supposée homogène (b(t ) = 0), les n solutions u1, u2, ..., un sont indépendantes si, et seulement si, le déterminant de Wronski :

L'équation linéaire non homogène
L'équation linéaire non homogène est l'équation :

Il est aisé de voir que (8) conduit à :



Le cas des systèmes à coefficients constants
Si A est une matrice à éléments indépendants de t, la matrice résolvante X(t ) peut être représentée par la série convergente :

On pourra introduire sur l'espace vectoriel des matrices carrées n × n la norme définie par :



Il est connu que les puissances entières successives d'une matrice ne sont pas indépendantes ; si f (λ) est le polynôme caractéristique f (λ) = det (A − λI), on a f (A) = 0. Cela suggère que l'on peut donner à X(t ) une structure plus simple.
Pour tout nombre complexe λ, il existe un entier ν, le plus petit entier ≥ 0 tel que :



Cette formule fondamentale montre que les éléments de la matrice X(t ) sont des sommes de produits d'exponentielle eλjt par un polynôme en t dont le degré est inférieur à l'indice νj de λj, donc a fortiori à l'ordre de multiplicité algébrique de λj. On voit que les solutions de dX/dt = Ax convergent toutes vers 0 quand t → + ∞ si et seulement si les valeurs propres de la matrice A ont toutes leur partie réelle négative.
Le cas des systèmes à coefficients périodiques. La théorie de Floquet
Si X(t ) est la matrice résolvante de :

Stabilité des solutions
Revenons au cas général dx/dt = A(t )x, où A(t ) est une matrice fonction continue de t ∈ [0, + ∞] ; il est souvent utile de connaître certaines propriétés asymptotiques de la solution, par exemple, de savoir si elles demeurent bornées ou tendent vers 0 quand t → + ∞. Pour conduire cette étude on utilise en général des méthodes de comparaison et, à cette fin, on peut introduire un concept de stabilité du genre suivant : les solutions de dx/dt = A(t )x seront dites stables par rapport à une propriété P et une classe F de matrices B(t ) si les solutions de dx/dt = (A(t ) + B(t ))x ont toutes les propriétés P quel que soit B(t ) ∈ F. On peut illustrer ce concept en citant le théorème suivant : Si les solutions dx/dt = Ax, où A est une matrice constante, sont bornées ou tendent vers 0 quand t → + ∞, alors il en est de même des solutions de :


Si toutes les solutions de dx/dt = Ax tendent vers 0 quand t → + ∞, il en sera de même des solutions de (12) pourvu que ∥B(t )∥ ≤ k pour t assez grand, k étant un nombre qui ne dépend que de A.
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Écrit par
- Christian COATMELEC : membre de l'Académie des sciences, professeur à l'université de Paris-VI
- Maurice ROSEAU : membre de l'Académie des sciences, professeur de mécanique à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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