ÉQUILIBRATION
Organisation centrale et troubles de l'équilibre
Les voies et centres nerveux intervenant dans l'équilibration et le contrôle postural sont dans leur détail fort complexes. Les centres nerveux sont essentiellement situés au niveau du cervelet, du tronc cérébral (formation réticulée, noyaux vestibulaires, noyau rouge) et de la moelle épinière. Le cortex cérébral sensorimoteur contribue également au contrôle des activités posturales, notamment pour les réactions de placement. Bien que l'organisation centrale des mécanismes de l'équilibration ne soit pas définitivement élucidée, on peut esquisser, à partir des concepts actuels sur le contrôle sensorimoteur, comment est réalisée l'équilibration (expériences en impesanteur).
Les réactions posturales mises en jeu au cours de l'équilibration seraient, selon l'école sherringtonienne, le résultat d'un enchaînement de réflexes prenant naissance à partir des informations sensorielles et conduisant à maintenir une attitude posturale déterminée en dépit des perturbations qui tendent à déstabiliser la posture. Face à cette perspective déterministe qui conduit à admettre que tout acte moteur est déclenché par un stimulus, une conception différente s'est imposée. Les activités motrices mises en jeu dans la réalisation d'une motricité intégrée – l'équilibration, par exemple – seraient programmées centralement. Dès lors, l'équilibration serait une succession de séquences motrices prédéterminées appartenant au répertoire génétique, s'élaborant au cours de l'ontogenèse, s'affinant et s'adaptant avec l'apprentissage. Ce concept n'exclut nullement la nécessité d'informations périphériques discriminant la nature de la perturbation et permettant de sélectionner les commandes motrices adéquates et/ou de modifier, selon le principe de réafférentation, l'exécution de la commande. Sur la base de ces mécanismes, deux niveaux de contrôle peuvent être distingués : un système « conservatif » et un système « opératif ». Le système conservatif est un système de références, stable par définition, organisé sur la base d'un « schéma corporel » à la fois d'origine génétique et acquis par apprentissage. Ce schéma corporel ou « supra-modèle sensorimoteur », traduction d'une abstraction corporelle, tient compte de la configuration du corps, des caractéristiques biomécaniques des segments corporels et d'une verticale interne élaborée à partir des récepteurs labyrinthiques, rétiniens, tactiles et proprioceptifs. Ce système de référence permettrait d'évaluer les conséquences d'une action future et de prédire ainsi les discordances spatio-temporelles éventuelles entre le but à atteindre (le maintien de l'équilibre) et l'événement à venir ainsi que sa réalisation (la déstabilisation posturale). Le second niveau correspond au système opératif, étage d'exécution qui sélectionne les commandes motrices et, si nécessaire, les corrige rapidement à partir des informations issues du monde extérieur.
Il est clair que l'équilibration peut être perturbée par la lésion des récepteurs sensoriels et des centres nerveux qui interviennent dans le contrôle du tonus musculaire, de l'orientation et des réactions posturales. Cela révèle toute la complexité du problème des maladies de l'équilibration et de leur classement. C'est à Grasset (1901) que l'on doit une documentation sur les maladies de l'équilibration qui se caractérise, pour la première fois, par un effort pour passer du cadre nosologique basé sur l'anatomie à une pathologie définie sur des normes physiologiques. Quelques exemples illustreront cette démarche.
Dans l' ataxie tabétique, causée par la syphilis, les lésions portent sur les fibres[...]
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Écrit par
- Francis LESTIENNE : docteur ès sciences, directeur de recherche au C.N.R.S.
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