- 1. Pourquoi accorder de l'importance aux équilibres ?
- 2. L'équilibre en tant que point fixe d'un processus
- 3. Équilibre et stabilité
- 4. Équilibre et « loi de l'offre et de la demande »
- 5. L'équilibre « de concurrence parfaite »
- 6. Équilibre partiel et équilibre général
- 7. Équilibre et dépendance par rapport au chemin
- 8. Équilibre et conjectures
- 9. Équilibre et autoréalisation
- 10. L'équilibre de Nash
- 11. Équilibre intertemporel et équilibre temporaire
- 12. Bibliographie
ÉQUILIBRE ÉCONOMIQUE
Le thème de l'équilibre est très présent en théorie économique, du moins à partir de la fin du xixe siècle. Au départ, il était associé à une certaine idée d'harmonie, de compatibilité entre les décisions prises par les acteurs économiques, en interaction les uns avec les autres. Ainsi, Léon Walras (1834-1910), considéré comme l'un des fondateurs de la théorie économique moderne, aime établir, dans ce qu'il appelle l'« économie pure », un rapport entre ses analyses et celles de la « mécanique rationnelle » – où la notion d'équilibre joue un rôle central, les « forces » en jeu étant celles de l'offre et de la demande. Vilfredo Pareto (1848-1923), autre théoricien de renom, a apporté une dimension normative à l'équilibre de Walras, en montrant qu'il est, d'une certaine façon, optimal, au sens où, à partir de cette situation, on ne peut augmenter la satisfaction de quelqu'un sans diminuer celle de quelqu'un d'autre, au moins.
John Maynard Keynes (1883-1946) a remis en cause cette vision optimiste de l'équilibre, en envisageant des situations, également d'équilibre, qui sont peu satisfaisantes – par exemple parce qu'elles comportent un chômage élevé (équilibre de sous-emploi). Pour cela, plutôt que d'évoquer des « forces » qui agissent dans le sens du bien pour tous, il met l'accent sur la psychologie des individus, sur leurs croyances, qui peuvent conduire à des situations aberrantes ou non voulues, et qui se perpétuent.
Les théories actuelles comportent une multitude de types d'équilibre, qui dépendent des hypothèses faites – notamment lors de la construction des modèles qui traduisent formellement (en équations) ces théories. Plutôt que de décrire chacun d'entre eux, ce qui serait impossible, mieux vaut revenir sur la notion même d'équilibre, en général, et voir le sens que lui donnent les économistes, selon le type de modèle envisagé.
Si on se réfère au Vocabulaire technique et critique de la philosophie d'André Lalande, on dit, en mécanique, qu'un « système est en équilibre sous l'action de forces déterminées lorsqu'il est susceptible de rester indéfiniment en repos sous l'action de ces forces » ou, en physique, « s'il peut rester indéfiniment dans cet état en présence de ces actions ». La notion d'équilibre est donc étroitement associée à l'idée d'état permanent, qui ne se modifie pas tant que l'environnement dans lequel il se trouve demeure lui-même inchangé. En économie, c'est presque toujours en ce sens qu'on utilise ce mot, avec en arrière-plan la métaphore des forces : un équilibre est une situation où les « forces » agissant sur le système « se compensent » – et donc, où « rien ne bouge ».
Pourquoi accorder de l'importance aux équilibres ?
Les équilibres jouent un rôle central dans toutes les théories économiques, et cela pour une raison fort simple : les situations hors équilibre étant, par définition, fugaces, il est difficile, sinon impossible, de les caractériser. En outre, la nature passagère de telles situations limite l'intérêt de leur étude : pourquoi s'acharner à étudier des états dont on sait qu'ils vont rapidement disparaître ? Il est vrai, cependant, que le monde dans lequel nous vivons est en perpétuel mouvement – quel qu'en soit l'aspect envisagé – et ne comporte pas à proprement parler d'équilibres, au sens strict. Ceux-ci ne sont donc définis que dans le cadre d'une théorie, par essence simplificatrice : c'est parce qu'un certain nombre de phénomènes sont négligés qu'on peut envisager des situations ayant une certaine permanence – le rôle du théoricien étant de choisir entre ce qu'il considère comme important et ce qu'il néglige.[...]
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Écrit par
- Bernard GUERRIEN : maître de conférences à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
Classification
Médias
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