- 1. Pourquoi accorder de l'importance aux équilibres ?
- 2. L'équilibre en tant que point fixe d'un processus
- 3. Équilibre et stabilité
- 4. Équilibre et « loi de l'offre et de la demande »
- 5. L'équilibre « de concurrence parfaite »
- 6. Équilibre partiel et équilibre général
- 7. Équilibre et dépendance par rapport au chemin
- 8. Équilibre et conjectures
- 9. Équilibre et autoréalisation
- 10. L'équilibre de Nash
- 11. Équilibre intertemporel et équilibre temporaire
- 12. Bibliographie
ÉQUILIBRE ÉCONOMIQUE
Équilibre intertemporel et équilibre temporaire
Un autre aspect de l'équilibre économique qu'on ne trouve pas dans l'équilibre au sens des sciences de la nature est le temps, dont des individus conscients ne peuvent que tenir compte. En effet, celui qui sait que ses décisions vont influencer non seulement sa situation actuelle, mais aussi sa situation future, va faire un choix qui essaiera de prendre en compte à la fois le présent et le futur – son choix va être « intertemporel ». Ce choix dépend évidemment de ses anticipations, qui concernent non seulement ce que vont faire les autres « maintenant », mais aussi, de façon plus générale, ce qu'ils vont faire, et ce qui va se passer, dans le futur. Il existe deux façons d'envisager l'équilibre en tenant compte du temps. La première, la plus exigeante, considère que les individus font des prévisions correctes sur ce qui va se passer pendant toute la « durée de vie » de l'économie. On dit alors qu'on est en présence d'un équilibre intertemporel – dont la dimension autoréalisatrice est évidente. Comme cela est très souvent le cas, l'équilibre de référence est ici encore celui de la concurrence parfaite : on suppose que le commissaire-priseur affiche des prix présents et futurs, les ménages et les entreprises formulant des offres et des demandes « intertemporelles » – pour leurs consommations et leurs productions durant toute leur vie. Lorsque les prix sont d'équilibre, le commissaire-priseur enregistre les propositions de tout le monde : chacun n'a plus alors, à chaque période, qu'à livrer ce qu'il offre, et à recevoir ce qu'il demande – le commissaire-priseur veillant à ce que tous les contrats soient honorés. Tout est réglé « au début » : formellement, l'équilibre intertemporel en concurrence parfaite ne se distingue pas de l'équilibre tel qu'il a été décrit plus haut – on ne fait qu'ajouter une caractéristique supplémentaire aux biens : leur date de disponibilité (des événements aléatoires exogènes, appelés « états de la nature », peuvent aussi être envisagés : les prix affichés et les quantités de biens seront alors contingents, ou conditionnels, à la réalisation de tels événements – chaque bien daté aura alors plusieurs prix, relatifs aux diverses formes qu'ils peuvent prendre).
Un autre type d'équilibre est l'équilibre temporaire : le commissaire-priseur ne propose plus de prix pour les biens futurs ; il se limite à la recherche des prix qui égalisent l'offre et la demande (globales) à chaque période, sans que les anticipations sur la base desquelles les offres et les demandes individuelles ont été déterminées (à la période précédente) soient forcément correctes (J. R. Hicks, Valeur et capital, 1939). À un équilibre temporaire, chacun peut donc vendre ce qu'il a produit et acheter ce qu'il demande, tout en constatant qu'il a produit, ou décidé d'acheter, sur la base d'anticipations qui peuvent être erronées – et qu'il va réviser, si tel est le cas, au moment de formuler ses offres et ses demandes pour la période suivante.
La différence fondamentale entre équilibre intertemporel et équilibre temporaire tient donc à ce que, dans l'un, chacun prévoit correctement ce qui va se passer dans le futur, alors que tel n'est pas le cas dans l'autre, où certains (au moins) sont amenés à réviser leurs anticipations, à chaque période.
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Écrit par
- Bernard GUERRIEN : maître de conférences à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
Classification
Médias
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