- 1. Pourquoi accorder de l'importance aux équilibres ?
- 2. L'équilibre en tant que point fixe d'un processus
- 3. Équilibre et stabilité
- 4. Équilibre et « loi de l'offre et de la demande »
- 5. L'équilibre « de concurrence parfaite »
- 6. Équilibre partiel et équilibre général
- 7. Équilibre et dépendance par rapport au chemin
- 8. Équilibre et conjectures
- 9. Équilibre et autoréalisation
- 10. L'équilibre de Nash
- 11. Équilibre intertemporel et équilibre temporaire
- 12. Bibliographie
ÉQUILIBRE ÉCONOMIQUE
Équilibre et conjectures
Les valeurs prises par les variables économiques – prix, quantités produites et consommées ou investies, etc. – sont le résultat des choix faits par les ménages et les entreprises ; elles dépendent donc en bonne partie de leur psychologie, de ce que chacun pense que les autres vont faire – de ses conjectures concernant leurs décisions. Ainsi, avant de proposer un prix ou d'offrir une quantité de biens, une entreprise va chercher à se faire une idée sur ce que vont proposer les autres entreprises qui produisent le même bien (ou des biens proches), ainsi que sur la fonction de demande de ce bien. De telles conjectures dépendent de l'information dont dispose la personne qui les fait, ainsi que de son opinion sur le fonctionnement de l'économie, sur les réactions des autres à ses propres actions, etc. Non seulement elles comportent une part importante de subjectivité, mais elles se modifient en fonction des circonstances, des expériences vécues, etc. Il est donc très difficile, sinon impossible, de les mettre sous une forme précise. Pourtant, anticipations et conjectures sont un élément essentiel dans la définition de l'équilibre économique : pour que « rien ne bouge », il faut que chaque individu constate que son choix n'a pas été fait sur la base d'une idée fausse concernant les choix des autres, tels qu'il peut s'en assurer, a posteriori.
Confronté au problème du caractère flou (car subjectif) et variable des conjectures des agents économiques, le théoricien qui veut malgré tout leur donner une forme précise va opter pour les cas les plus simples possibles. C'est ainsi que l'hypothèse de base du modèle de concurrence parfaite, celle selon laquelle les agents se comportent en « preneurs de prix », implique des conjectures « plates » : chacun pense que sa décision, quelle qu'elle soit, n'aura pas d'incidence sur les prix, et qu'il pourra acheter ou vendre tout ce qu'il veut aux prix proposés par le commissaire-priseur. Car si tel n'était pas le cas, alors chacun devrait prendre en compte l'opinion qu'il se fait concernant les effets de ses décisions sur les prix, ainsi que des éventuels rationnements qu'il pourrait subir (par exemple, s'il pense qu'il ne pourra pas acheter tout ce qu'il veut, aux prix donnés – ce qui est le cas si les prix ne sont pas d'équilibre).
Les conjectures, dans le modèle de concurrence parfaite, sont donc particulièrement « naïves », ou « myopes » (chacun voit qu'il y a d'autres personnes qui font des choix comme lui, choix dont il subira d'une façon ou l'autre les conséquences, et n'en tient pas compte). C'est pourquoi des variantes un peu plus subtiles ont été envisagées, notamment dans les modèles dits d'oligopole ou de concurrence monopolistique, dans lesquels certaines entreprises font leur choix en ayant conscience de l'existence des autres, en cherchant à prévoir ce qu'elles vont faire (les autres participants continuant à réagir en preneurs de prix). Par définition, il y a alors équilibre quand ces prévisions sont correctes – chaque entreprise ayant opté pour le plan qui maximise son profit, sur la base de ces prévisions.
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Écrit par
- Bernard GUERRIEN : maître de conférences à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
Classification
Médias
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