EREVAN ou ERIVAN
Bâtie dans une cuvette, à 900 mètres d'altitude, Erevan, la capitale de l'Arménie, est traversée par la rivière Hrazdan, émissaire du lac Sevan, et entourée de cinq collines densément urbanisées. À l'origine, Erebouni, forteresse ourartéenne (viie s. av. J.-C.), lui aurait donné son nom. Capitale d'un khanat persan au xviiie siècle, puis annexée à l'empire russe en 1827, Erevan n'était alors qu'une bourgade au rayonnement limité.
C'est à l'époque soviétique que l'urbanisation a explosé, en relation avec l'industrialisation massive de l'Arménie. De 30 000 habitants en 1920, la capitale de la République socialiste soviétique d'Arménie passe à 760 000 en 1970 et à 1,5 million d'habitants, lors de l'indépendance (1991). La construction de la ville soviétique s'est effectuée en deux temps. D'abord, durant la période stalinienne, avec des architectes et urbanistes « traditionalistes », comme Alexandre Tamanian (1878-1936), qui utilisaient des matériaux locaux avec un art conférant une certaine « arménité » aux quartiers construits : Erevan fut alors dénommée la « ville rose », en raison de la couleur du tuf volcanique couvrant ses façades. Puis, avec les « constructivistes », tenants de l'architecture prolétarienne, les immeubles standards couvrent les collines ceinturant la ville : le plan central est alors conçu en damier avec, au centre, la place Lénine – aujourd'hui place de la République – et l'Opéra.
Jusqu'à 1991, l'industrie, fonction principale de la capitale, marque la morphologie urbaine par l'emprise d'énormes infrastructures. Les services étaient alors essentiellement ceux du monde socialiste, laissant peu de place aux commerces. Quinze ans après l'indépendance, la fonctionnalité de la ville a considérablement changé, marquant un ralentissement de sa fonction industrielle, le développement d'un nouvel urbanisme et l'explosion des services marchands et de la publicité. Depuis 2000, d'énormes travaux de rénovation ont été entrepris dans le centre d'Erevan, grâce au financement du milliardaire américain d'origine arménienne, Kirk Kirkorian. De regrettables destructions de quartiers « historiques » ont été effectuées pour ouvrir de grandes artères et créer, dans l'hypercentre, une sorte de central business district, formé d'immeubles assez clinquants, en particulier entre le quartier de la Cascade, monument aux morts de la « grande guerre patriotique » (contre l'invasion nazie de 1941-1945), la place de l'Opéra et le parc de la Victoire. La rénovation et l'illumination de la place de la République et de son patrimoine architectural confèrent une image nouvelle à la capitale.
Erevan est devenue une capitale macrocéphale vivante, vitrine de la modernité à l'occidentale, d'un petit pays qui se transforme en profondeur et s'anime rapidement avec une circulation automobile qui croît de façon accélérée, préfigurant de semblables métamorphoses dans les autres centres urbains du pays.
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Écrit par
- Françoise ARDILLIER-CARRAS : agrégée en géographie, professeur des Universités
Classification
Médias
Autres références
-
ARMÉNIE
- Écrit par Jean-Pierre ALEM , Françoise ARDILLIER-CARRAS , Christophe CHICLET , Sirarpie DER NERSESSIAN , Encyclopædia Universalis , Kegham FENERDJIAN , Marguerite LEUWERS-HALADJIAN et Kegham TOROSSIAN
- 23 765 mots
- 13 médias
Le réseau urbain est fortement déséquilibré : 64 % de la population vit en ville.Erevan concentre 1 127 300 habitants (janvier 2012), soit 38,5 % de la population arménienne et 60 % de la population urbaine. Gumri et Vanadzor, respectivement deuxième et troisième villes du pays, arrivent loin...