ERGONOMIE
Le terme ergonomie apparaît pour la première fois en Angleterre en 1949. Formé à partir du grec ergôn « travail » et nomos « loi », à l’origine il désigne pour certains une technologie qui a pour but d’aménager le travail, pour d’autres une discipline scientifique dont l’objet est de comprendre le travail. En 2000, l’International Ergonomics Association (I.E.A.) propose de définir l’ergonomie « comme la discipline scientifique qui s’occupe de la compréhension des interactions entre les hommes et les autres éléments d’un système et comme la profession qui applique les théories, les principes, les données, et les méthodes susceptibles d’optimiser le bien-être des hommes et la performance du système dans son ensemble ».
En Amérique du Nord, elle se développe sous le vocable humanfactors. Le terme ergonomie apparaît seulement en 1992 dans l’intitulé de la société savante nord-américaine (The HumanFactors and Ergonomics Society). Les Européens préfèrent le terme ergonomie à celui de facteurs humains. On retrouve cette distinction dans les titres des principales revues : HumanFactors pour les États-Unis, journal créé en 1958, Ergonomicspour le Royaume-Uni, journal créé en 1957. La France dispose d’une revue depuis 1933, intitulée Le Travailhumain,qui traite de sujets portant sur le travail dans différentes perspectives et où l’ergonomie a trouvé une place importante. Chacune de ces publications est marquée par une orientation particulière. La revue HumanFactors se caractérise par la place faite à l’approche expérimentale. Ergonomics a fortement soutenu des travaux d’ergonomie physique (physiologie, biomécanique, etc.) avant de s’ouvrir à d’autres orientations. Le Travail humain donne une place prépondérante à l’analyse du travail en situation. Ces différences, marquées à l’origine, se sont notablement réduites au fil du temps.
L’une des origines de l’ergonomie francophone est à rechercher dans les demandes formulées par la Communauté européenne du charbon et de l’acier (C.E.C.A.) à propos des causes d’accidents et plus particulièrement des risques d’une exposition individuelle aux accidents du travail dans les secteurs de la sidérurgie et des mines. Le passage par une analyse du travail réel a orienté les recherches vers les relations entre les incidents (chaînes d’incidents), le caractère « multicausal » de l’accident et les conditions réelles de travail. Ces études conduites par des chercheurs belges et français déterminent les domaines de l’ergonomie francophone.
Une autre demande émane d’un secteur d’activité en pleine expansion : le contrôle aérien. Les travaux dans ce domaine jouent un rôle majeur dans la définition d’un champ nouveau de recherche sur le contrôle de processus dynamiques.
Essentiellement localisé à Paris à l’E.P.H.E. et au C.N.A.M. dans les années 1975-1980, la recherche et l’enseignement de l’ergonomie allaient assez rapidement s’étendre à d’autres villes (Toulouse, Bordeaux, Aix-en-Provence, etc.). Cette diffusion venait aussi en réponse à d’urgentes questions de société sur les conditions de travail. On retrouve cette préoccupation dans la création, en 1973, d’une Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (A.N.A.C.T.) et, en 1975, du comité RE.S.A.C.T. (Recherche sur l’amélioration des conditions de travail), alors rattaché à la Délégation générale à la recherche scientifique et technologique (D.G.R.S.T.) qui rassemblait des chercheurs de différentes disciplines sur la question de l’analyse des conditions de travail.
Durant le dernier quart du xxe siècle, les problèmes liés aux conditions de travail ont suscité de nombreuses recherches et interventions.
Pour préciser ce qu’est l’ergonomie nous examinerons quelques-uns de ses champs d’application. Nous présenterons ensuite quelques caractéristiques[...]
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Écrit par
- Jean-Marie CELLIER : directeur d'études, École pratique des hautes études
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