RUF ÉRIC (1969- )
Un besoin de diversification
C’est avec ces acquis et cette expérience qu’Éric Ruf a été nommé administrateur général de la Comédie-Française, à compter du 4 août 2014, pour un mandat de cinq ans, renouvelable par période de trois ans. Il succède à Muriel Mayette. Comme par le passé, la nomination à ce poste emblématique a fait l’objet de multiples tergiversations et tractations, mais n’en apparaît pas moins mûrement réfléchie et parfaitement cohérente. Éric Ruf connaît bien une maison qui n’est pas toujours facile à gérer en interne, et il bénéficie du soutien de la majorité des sociétaires. Il a un projet ambitieux, qui, tout en respectant la mission de la Comédie-Française et sa relation au répertoire, passe par un nécessaire besoin d’ouverture. Il s’agit, par exemple, de créer des partenariats avec différents festivals et centres dramatiques nationaux, et faire appel à de grands metteurs en scène français et étrangers pour venir travailler avec la troupe du Français.
Les objectifs du nouvel administrateur, qui, durant son mandat, a renoncé à ses activités de comédien pour mieux se consacrer à sa tâche, passent aussi par l’obtention d’un nouvel outil rendu indispensable au regard des évolutions souhaitées. La Comédie-Française dispose actuellement de trois salles. La salle Richelieu, d’abord, dont la magnifique architecture et l’équipement technique ne répondent pas à la pratique de l’alternance qui est pourtant de règle dans ce lieu, et dont l’organisation spatiale et le rapport de la scène aux spectateurs ne sont pas adaptés à certaines œuvres du répertoire ou aux écritures contemporaines. Le Théâtre du Vieux-Colombier et le Studio-Théâtre, situé dans le Carrousel du Louvre, sont certes complémentaires, mais n’offrent pas une souplesse spatiale adaptée aux mises en scène d’aujourd’hui. C’est pourquoi Éric Ruf appelle de ses vœux un nouveau théâtre : « La Comédie-Française a besoin d’être ventilée, d’élargir son public et de se diversifier, comme chaque théâtre. » Dans ce contexte, il a présenté sa première saison 2015-2016, qui réunit œuvres du répertoire et auteurs contemporains, entre reprises et créations, avec quelques signes avant-coureurs de ses futures ouvertures. Ainsi de l’invitation lancée au réalisateur Arnaud Desplechin pour sa première mise en scène au théâtre (Père, d’August Strindberg), ou de la présence de jeunes metteurs en scène.
Homme de conviction et d’engagement, respectueux de l’esprit de troupe, Éric Ruf a toutes les qualités pour apporter un souffle nouveau et ouvrir une nouvelle page de l’histoire de la Maison de Molière.
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Écrit par
- Jean CHOLLET : journaliste et critique dramatique
Classification
Médias
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